Reportage "Beaucoup de patients sont sceptiques" : la double vaccination contre la grippe et le Covid moins sollicitée par le public à risque ces dernières années

Depuis plusieurs saisons, la campagne de vaccination contre la grippe et le Covid connaît moins de succès auprès des personnes fragiles. Reportage au CHU de Nice.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une séance de vaccination. Image d'illustration. (MARTIN ROCHE / MAXPPP)

Y a-t-il une forme de lassitude, un sentiment que les virus sont moins présents et moins dangereux ? En tout cas, les professionnels de santé redoublent d'énergie pour convaincre de l'intérêt de la vaccination. La campagne hivernale contre la grippe et le Covid débute, mardi 15 octobre : les millions de Français à risque de faire des formes graves de ces deux maladies sont invités à se faire vacciner gratuitement chez leur médecin, infirmier, sage-femme ou pharmacien.

Durant les deux années suivant le début de l'épidémie de Covid, les personnes à risque de faire des formes graves s'étaient massivement fait vacciner, mais, depuis, les taux de vaccination ont chuté, malgré les efforts des professionnels de santé. Au service gériatrie du CHU de Nice, la consultation de Brigitte et Jean avec leur gériatre touche à sa fin.

Le professeur Olivier Guérin en profite pour leur poser la question : "Vous en êtes où sur les vaccinations ?" Brigitte répond sans hésitation : "On est à jour sur tout. On a reçu les dernières invitations contre la grippe et on ira. En plus, on fait ça à la pharmacie, ils sont nos copains, on est bien accueillis, on a le petit café... On est partants pour tout ce qui est prévention. On préfère prévenir que guérir."

Brigitte, Jean et leur gériatre le Pr Olivier Guérin au CHU de Nice. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le gériatre insiste : se faire vacciner contre grippe et Covid, c'est important. D'abord pour réduire la gravité de la maladie si on est contaminé, mais cela empêche aussi les séquelles d'une infection : "Ça joue aussi pour le maintien de l'autonomie. Parce qu'on sait que ceux qui ne sont pas vaccinés contre la grippe, passé 75 ans, ont plus de risques de perdre de l'autonomie dans les années qui suivent que ceux qui se vaccinent. Donc c'est vraiment important de se vacciner."

"Moins d'entrain spontané"

Brigitte, 75 ans, et Jean, 88 ans, sont des convaincus. "Dans la mesure où la science me dit qu'il faut vacciner, faire de la prévention... D'accord : scientifiques d'abord", assure Jean. Mais ce n'est pas toujours le cas : l'an dernier, seule la moitié des Français à risque se sont fait vacciner contre la grippe et un tiers des personnes âgées contre le Covid, selon Santé publique France.

"Je pense qu'il y a moins d'entrain spontané et j'espère que ce ne sera pas comme l'année dernière et qu'on sera meilleurs cette année sur la double vaccination grippe/Covid", affirme le professeur Olivier Guérin. Moins de vaccinés l'an dernier, peut-être par lassitude, parce que le virus du Covid est aussi moins dangereux qu'au début de la pandémie : "Il y a beaucoup de patients qui sont sceptiques, avance le spécialiste. C'est sur ceux-là que l'ensemble des professionnels de santé, nous, les médecins, les pharmaciens, on doit essayer de les convaincre. On y arrive, c'est le principe de la relation de confiance."

Le professeur informe aussi ses patients de l'arrivée en pharmacie de deux vaccins contre le virus responsable de la bronchiolite qui tue chaque année entre 4 000 et 8 000 personnes âgées en France. Le taux de remboursement par la Sécurité sociale est encore en discussion entre l'Etat et les laboratoires qui les fabriquent.

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