Sida : pourquoi n’y a-t-il toujours pas de vaccin contre le VIH, alors que plusieurs sont annoncés contre le Covid-19 ?
En cette Journée mondiale de lutte contre le sida, la directrice du pôle qualité et recherche en santé du Sidaction nous explique pourquoi l'élaboration d'un vaccin contre le virus a échoué jusqu'à présent.
Une course contre la montre exceptionnelle face au coronavirus. Ces derniers jours, plusieurs laboratoires ont présenté les résultats prometteurs de leurs projets de vaccin contre le Covid-19, moins d'un an après le début de la pandémie. Mais d'autres maladies ne trouvent toujours pas de remède. C'est le cas du VIH. Comment expliquer un tel décalage ? Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle qualité et recherche en santé du Sidaction, nous en dit plus, alors que la Journée mondiale de lutte contre le sida se déroule mardi 1er décembre.
Depuis plusieurs décennies, les chercheurs tentent de trouver un vaccin contre le VIH, mais celui-ci est particulièrement complexe pour trois raisons principales, selon cette experte. Ainsi, "il y a plusieurs sous-types du VIH qui circulent dans le monde", explique Serawit Bruck-Landais. Par ailleurs, "le virus mute énormément". Enfin, "le VIH s’intègre dans le génome de la personne infectée et persiste. Pour l’instant, on n’a pas du tout de cas de personnes qui ont réussi à éliminer le virus grâce à leur système immunitaire naturel".
"Il ne faut pas oublier le VIH"
A l'inverse, le vaccin contre le Covid-19 présente moins de difficultés. "Le coronavirus n’est pas un virus qui s’intègre dans le génome. On a la plupart des personnes qui arrivent à l’éliminer avec leur système immunitaire naturel, rappelle la chercheuse. Donc la stratégie vaccinale est 'classique'. On arrive à prendre des bouts du virus, à stimuler le système immunitaire pour pouvoir contrer l’infection."
S'ils ne sont pas comparables sur de nombreux points, la recherche sur le VIH "a permis de beaucoup avancer sur l’organisation de la recherche, sur la compréhension du système immunitaire", permettant "un gain de temps incroyable pour la recherche sur le Covid-19", rappelle Serawit Bruck-Landais.
La chercheuse du Sidaction insiste aussi sur l'importance de continuer de financer la recherche sur le sida. "Il ne faut pas oublier le VIH, surtout que cela touche les personnes qui sont très précaires. Pendant cette crise sanitaire, ce sont ces mêmes personnes qui ont été encore plus mises en danger. C’est important de garder ça en tête", conclut-elle.
"La précarité est une source d’instabilité sanitaire pour beaucoup de personnes. Et le VIH et le Covid-19 se rencontrent là-dessus."
Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle qualité et recherche en santé du Sidactionà franceinfo
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