Suspension du vaccin AstraZeneca : une décision "catastrophique" et "surprenante", dénoncent des médecins et des pharmaciens
"La méfiance vis-à-vis de ce vaccin va s'accroître", craint notamment Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français.
"Cette décision est catastrophique vis-à-vis de l'épidémie de Covid-19", a réagi lundi 15 mars sur franceinfo Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), alors qu'Emmanuel Macron a annoncé que l'administration du vaccin AstraZeneca était suspendue en France, avant un avis de l'Agence européenne du médicament (EMA) jeudi. Ce vaccin anglo-suédois contre le Covid-19 est suspecté de provoquer des problèmes sanguins chez certaines personnes vaccinées, mais rien n'indique pour l'heure un lien de cause à effet avec cette vaccination.
"C'est une décision très politique et c'est très clairement un coup dur pour la vaccination", a dénoncé Jean-Paul Ortiz. "C'est une décision très politique qui aujourd'hui n'a aucune base scientifique et qui, en tant que médecin, me pose vraiment problème", a ajouté le professionnel, qui rappelle que "tous les effets secondaires avec ce vaccin, ce sont simplement des syndromes grippaux qui durent 24 à 48 heures. Je note quand même que les Anglais ont vacciné 20 millions de personnes sans problème".
Avec cette suspension, Jean-Paul Ortiz craint que "la méfiance vis-à-vis de ce vaccin, quelle que soit la décision de demain, va s'accroître. Je crains que malheureusement, même avec un avis positif, cette décision va avoir un effet extrêmement négatif. J'avoue que je suis très inquiet sur ce qui va se passer dans les prochains jours", a conclu le médecin.
Une décision "surprenante"
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a également réagi vivement à cette annonce. "Je dis, 'confiance au vaccin'", a ainsi déclaré son président, Philippe Besset, sur franceinfo. Il "partage l'idée que les effets indésirables décrits à petit niveau n'ont jamais été décrits sur les 12 millions de vaccinations qui ont été faites en Angleterre". Il précise que "les deux effets" indésirables décrits "ne sont pas de même nature, une arythmie dans le sud de la France, un problème de thrombose au Danemark". Le pharmacien trouve donc cette décision "surprenante". Il attend "avec impatience la décision du comité de pharmacovigilance", qui se réunit en milieu de semaine.
"On aurait pu attendre la décision du comité de pharmacovigilance."
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de Franceà franceinfo
La semaine dernière, à la suite du retrait de plusieurs pays européens, les pharmaciens ont eu des personnes, figurant "sur les listes de réservation pour se faire vacciner, qui ont appelé disant qu'elles préféraient attendre". Le président de la FSPF estime qu'il est "certain" que ces décisions inquiètent les Français.
Philippe Besser rappelle qu'il y a "300 morts du Covid par jour en France, il ne s'agit pas de quelque chose de bénin. Il n'y a que la vaccination qui peut nous sortir de ça". Le pharmacien reconnaît que "le doute en médecine doit nous habiter", mais qu'il doit "être raisonnable". Il appelle à faire "confiance aux agences. L'Agence de sécurité du médicament donnera la marche à suivre. Je l'attend et je suivrai ce qu'elle dit". Selon lui, "il n'y a pas eu d'avis scientifique, il y a eu des décisions politiques d'interrompre la vaccination". Le comité de pharmacovigilance de jeudi va, de son point de vue, "confirmer ce qu'il a déjà dit, c'est qu'il est raisonnable de continuer à vacciner avec ce vaccin", ajoute Philippe Besset.
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