Vaccination obligatoire des soignants : des récalcitrants "réfléchissent à une grève"
Après les annonces d'Emmanuel Macron qui veut rendre obligatoire la vaccination des soignants et non soignants, franceinfo a été recueillir les témoignages de salariés dans un hôpital parisien.
"Je suis contre", lâche Franck, brancardier dans un hôpital parisien. Cet homme s'oppose à l'annonce faite lundi 12 juillet par Emmanuel Macron de rendre obligatoire la vaccination des soignants pour freiner la reprise de l'épidémie de Covid-19. Le chef de l'État promet des sanctions dès le 15 septembre pour les récalcitrants. "Ils ne pourront plus travailler et ne seront plus payés", a prévenu le ministre de la Santé Olivier Véran.
Franck côtoie tous les jours des patients sur son brancard. Pourtant, il refuse catégoriquement de se faire vacciner. "On ne peut pas nous obliger à faire quelque chose, ça devient une dictature, affirme-t-il. J'ai peur du vaccin car il a été fait trop rapidement. Il vaut mieux encore attendre et voir plus tard quand ils auront quelque chose de vraiment fiable". Franck assure que dans son service, ils seraient une dizaine à refuser de se faire vacciner. "On s'est tout dit : 'on fait la grève'. Ça va bloquer tout ce qui est examen, IRM, scanner et les blocs".
Cette défiance est partagée par Slimane, au volant de son ambulance. "On subit, mais on sera obligé, on a une famille à nourrir, on a besoin de travailler", reconnaît cet homme.
Cette attitude détachée révolte Sandrine, infirmière aux urgences. Elle approuve la vaccination obligatoire des soignants : "Éthiquement, un soignant qui fait le choix de porter secours et de soigner les gens ne peut pas être source de contagion pour les autres. Il doit se protéger pour être moins porteur et moins à risques."
Des soignants veulent aller encore plus loin
"Pour aller travailler à l'hôpital, on est tous obligés d'avoir une vaccination contre l'hépatite B", rappelle Gauthier, microbiologiste qui travaille dans les laboratoires de l'hôpital et gère notamment les tests Covid. Pour lui, il faudrait même aller plus loin que les annonces d'Emmanuel Macron. Avec le vaccin contre le Covid, "ça va diminuer le risque d'attraper le Covid à l'hôpital mais les soignants ne représentent pas un pourcentage très élevé de la population, ce n'est pas la seule population qui est exposée. On pourrait citer les enseignants, les pompiers, les forces de l'ordre, les restaurateurs qui voient tous les jours du monde. Si on ne veut pas faire une vaccination obligatoire à tous les plus de 12 ans, je pense qu'il faudrait plus appliquer déjà cette vaccination dans un premier temps à toutes ces populations."
Pour Gauthier, ce ne serait pas incohérent d'élargir la vaccination obligatoire dans un pays où 11 vaccins sont déjà obligatoires pour les enfants. "Quand on voit ce que le virus a fait à notre système hospitalier, ça ne me paraît pas aberrant."
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