: Infographies Covid-19 : où en est la reprise épidémique en France et en Europe ?
Eclipsé dans l'actualité par la guerre en Ukraine et les élections, le Covid-19 n'a pas pour autant disparu. Un rebond épidémique se dessine aujourd'hui clairement en France et en Europe.
Le Covid est bien de retour. En augmentation depuis le début du mois de juin, le nombre de nouveaux cas quotidiens dépasse aujourd'hui les 50 000 en moyenne sur une semaine en France. Et les nouvelles hospitalisations repartent elles aussi à la hausse depuis une dizaine de jours. Faut-il craindre une nouvelle vague de grande ampleur ? La France est-elle un cas isolé en Europe ? Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ce rebond épidémique.
Une augmentation nette des cas liés aux sous-variants BA.4 et BA.5
En à peine plus d'une semaine, le nombre de nouveau cas détectés a doublé en France. Le nombre moyen de personnes infectées par le Covid par jour, lissé sur une semaine, a atteint 54 118 le 22 juin. Un chiffre au plus haut depuis le début du mois de mai, mais encore loin des 140 000 cas recensés à la fin mars, ou des plus de 350 000 de la fin du mois de janvier.
En cause, l'arrivée des nouveaux variants BA.4 et BA.5. Ces deux souches similaires sont issues de BA.2, le sous-variant d'Omicron qui a causé la hausse du nombre de cas en mars. Identifiés grâce à la mutation L452R, ces variants sont déjà majoritaires en France. Selon les derniers chiffres de Santé publique France, ils étaient à l'origine de plus de 63% des cas au 19 juin. "Il semble que ces variants se diffusent plus rapidement que BA.2 car ils échappent davantage à l'immunité acquise par la vaccination comme par l'infection, détaille l'épidémiologiste et directeur de recherche au CNRS Samuel Alizon à franceinfo.
A cela s'ajoute la baisse d'immunité des personnes vaccinées : "La protection contre une nouvelle infection acquise à la suite d'une vaccination ou d'une infection baisse rapidement", explique Samuel Alizon. Une opinion partagée par l'infectiologue Anne-Claude Crémieux, interrogée par franceinfo, qui rappelle l'importance de la deuxième dose de rappel, ouverte aux personnes de plus de 60 ans ou immunodéprimées. "La vaccination reste notre meilleure arme contre la pandémie", souligne-t-elle.
Les hospitalisations en hausse, pas les décès (pour l'instant)
Du côté des admissions à l'hôpital de patients Covid, les chiffres sont également en augmentation depuis une dizaine de jours. En moins de deux semaines, la France est passée de moins de 400 admissions quotidiennes à 635 au 22 juin. Près de 13 500 personnes positives au Covid sont aujourd'hui hospitalisées en France.
La reprise épidémique est moins claire dans les services de soins intensifs. Les nouvelles admissions sont en hausse de 18% sur une semaine, mais restent moins nombreuses que les sorties. Et le nombre de personnes en soins intensifs positives au Covid est toujours en très légère diminution.
Les décès continuent eux aussi de baisser, avec en moyenne 40 décès par jour sur la dernière semaine (du 15 au 22 juin). "Il y a toujours un décalage dans le temps entre les contaminations, les hospitalisations et ensuite les décès, rappelle Samuel Alizon. Et pour l'instant, on manque de recul pour connaître la dangerosité de ces variants, et en particulier s'ils arrivent aussi à contourner l'immunité pour les formes graves."
Le Portugal frappé avec un mois d'avance
La plupart des pays d'Europe de l'Ouest et du Sud sont dans une situation similaire à celle de la France, avec des contaminations qui repartent à la hausse depuis le début du mois de juin. C'est le cas de l'Allemagne, de l'Italie ou de la Suisse.
Mais un pays est particulièrement observé car il a été touché par les variants BA.4 et BA.5 dès le début du mois de mai : le Portugal. Les cas ont augmenté jusqu'à dépasser les 25 000 personnes positives quotidiennement début juin, ce qui, à population égale, correspondrait à 160 000 cas par jour en France. Un chiffre élevé mais qui reste loin des 60 000 cas quotidiens détectés au Portugal fin janvier.
En revanche, le nombre de décès se rapproche, lui, du pic de début février. Ce chiffre a doublé en un mois, passant de moins de 20 décès quotidiens au début du mois de mai à plus de 40 début juin. Ramené à la population française, cela équivaut à environ 250 décès quotidiens, un niveau proche de celui atteint lors du pic de la première vague Omicron en France (287 décès quotidiens en moyenne la semaine du 8 février).
La vague Covid semble cependant avoir passé son pic au Portugal : les nouveaux cas quotidiens ont été divisés par deux depuis la fin mai et les décès quotidiens amorcent une légère baisse depuis le 10 juin. Un signal plutôt positif même s'il faut rester prudent sur la comparaison entre les pays, le Portugal ayant par exemple un taux de vaccination supérieur de presque 9 points à la France (87% contre 78%). "On reste sur l'espoir que cette vague soit limitée dans le temps, avec des hospitalisations peu élevées", rassure tout de même Anne-Claude Crémieux.
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