: Vidéo Covid-19 : "Dans l’ordre des priorités, les Ephad n’étaient pas au sommet de la pile", dénonce ce médecin urgentiste
La France garantit l'égalité d'accès aux soins, mais entre février et juillet 2020, une victime du Covid-19 sur trois serait morte dans sa chambre d'Ehpad... sans avoir été hospitalisée. "Il y a eu une véritable perte de chance pour les résidents en Ehpad, en Ile-de-France ou dans le Grand Est, par manque de lits", dénonce un médecin urgentiste dans cet extrait de "Pièces à conviction".
En France, l'égal accès aux soins est garanti par la Constitution et le Code de la santé publique. Mais faute de place dans les hôpitaux, une victime du Covid-19 sur trois est morte dans sa chambre d'Ehpad. A la fin du mois de mars 2020, le ministre de la Santé avait pourtant demandé que les résidents malades en état d'être transférés aient accès à l'hôpital, via une filière d'admission dédiée. En pratique, beaucoup n'ont pas bénéficié de cette filière.
Christophe Prudhomme est médecin du SAMU en Seine-Saint-Denis, le département français le plus touché par l'épidémie. Son expérience lui fait dire "qu'il y a eu une véritable perte de chance pour les résidents en Ehpad, en Ile-de-France ou dans le Grand Est, par manque de lits"... Mais pas seulement.
"Une surmortalité qui était évitable"
En cause également, selon lui, "la volonté de laisser les patients le plus longtemps possible en milieu 'ordinaire' (Ehpad ou domicile), pour que l'hôpital ne craque pas. Il y a eu un tri de tous les patients, donc il y a eu un tri des patients en Ehpad", affirme-t-il.
Au plus fort de l'épidémie, les ambulances du SAMU ont été débordées. Le délai d'intervention était d'une heure ou deux, témoigne Christophe Prudhomme. "Dans l'ordre des priorités, les Ehpad n'étaient pas au sommet de la pile. Et donc ce retard de prise en charge a entraîné une surmortalité... qui était évitable."
La question du "choix" exacerbée
Une fois à l'hôpital, un nouveau tri des patients âgés pouvait encore être opéré. A l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, le chef du service des urgences ne le conteste pas. "Que certaines personnes, parce qu'elles étaient dans un état très dégradé, n'aient pas été transférées en réanimation, c'est une évidence, reconnaît Philippe Juvin. Mais ça nous arrive aussi en dehors du Covid. Le choix, il existe en permanence, dans la vie d'un réanimateur. Mais là, il est exacerbé, parce que forcément, vous avez plus de malades qui arrivent, et vous n'avez pas beaucoup plus de lits de réanimation."
Extrait de "Covid-19 : que se passe-t-il vraiment dans les Ehpad ?", une enquête à voir dans "Pièces à conviction" le 18 novembre 2020 à 21h05.
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