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Vidéo Sur internet, des respirateurs chinois se vendent à prix d'or

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L'oeil du 20 heures - 30 mars 2020
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Sur le net, des sociétés peu scrupuleuses vendent des respirateurs à prix d'or à ceux qui en ont déséspérément besoin. Parmi eux, un hôpital en Italie attend toujours sa commande.

Dans tous les pays touchés par le Covid-19, les respirateurs artifciels sont devenus des appareils stratégiques, au point que même les constructeurs de voitures sont maintenant chargés d’en fabriquer. Pourtant, en deux clics sur internet, nous en avons trouvé, des respirateurs à vendre ! Un marché parallèle, où les prix flambent.

Sur internet, on trouve des dizaines d’offres : des ventilateurs de réanimation assemblés en Chine. L'un d'eux est affiché à 5000 dollars, soit 4500 euros. Nous contactons le vendeur, près de Shanghai. Il dit s’appeller David, et pour nous convaincre du sérieux de son entreprise, il nous la fait visiter à distance. Sur sa vidéo, on voit une trentaine de salariés qui s’activent pour fabriquer ces respirateurs. Et à croire ses photos, l’entreprise en expédierait par camions entiers ses jours-ci.

De 4500 €... à 32 000 € le respirateur

Puis on parle du prix. Mauvaise surprise, il a presque été multiplié par 6 par rapport à l’annonce."Prix : 26 000 euros par machine. Vous devez virer l’argent maintenant," nous écrit-il. Et quand nous lui demandons pourquoi une telle augmentation : "Virez l’argent immédiatement. On parlera des détails quand je l’aurai reçu, ok ? La semaine prochaine, ce sera 30 000 euros". Puis agacé par nos questions, il fixe finalement le prix à 32 000 euros le respirateur. Soit 20% d’augmentation... en un quart d’heure.

Des méthodes de vente agressives auxquelles a déjà été confronté le service réanimation du Pr Philippe Montravers, à l’hôpital Bichat (Paris) : "Quand vous êtes dans le désert et qu’on vous propose un verre d’eau à 1000 €, si vous avez très très soif vous serez probablement prêt à ouvrir votre portefeuille. Vous pouvez acheter un produit sur internet, mais y aura pas de distributeur, y aura pas de pièces de rechange, y aura pas de réparations possibles."

Un matériel coûteux que les hôpitaux ont l’habitude de tester avant d’acheter, pour éviter des défaillances aux conséquences dramatiques. "Essayez de ventiler un malade très très grave avec un respirateur qui n’est pas performant, ça ne marche pas : on n’arrive pas à oxygéner les gens et ils meurent," explique le Dr Frédérique Servin, anesthésiste-réanimatrice.

Un hôpital italien attend toujours sa commande

Les hôpitaux de Paris disent ne pas acheter de tels appareils sur internet. Mais ailleurs, il n’en est pas toujours ainsi. Nous nous sommes procurés un ordre de virement d’un hôpital italien, qui a commandé 19 respirateurs à notre interlocuteur chinois pour 133 000 dollars, soit 120 000 euros, le 16 mars. Le directeur de l’hôpital italien dit n’avoir toujours rien reçu : «Les premiers respirateurs devaient arriver vendredi dernier. Mais nous ne sommes pas en position de négocier. Les chinois étaient capables de nous fournir avant les fabricants européens. Nous aussi avons subi une augmentation du prix au dernier moment

Le ministre de la santé a annoncé ce weekend une commande d’Etat de 1000 respirateurs aux fabricants de référence. De quoi éviter aux hôpitaux français, on l’espère, les abus des vendeurs en ligne.

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