Décès à l'hôpital d'un homme atteint d'Alzheimer : l'univers hospitalier "n'est absolument pas adapté" à ces patients
Olivier de Ladoucette, psychiatre, gériatre, explique que les patients atteints d'Alzheimer sont "souvent particulièrement angoissés, parce que l'hôpital est un univers très inquiétant, auquel ils ne sont pas familiarisés."
L'univers hospitalier "n'est absolument pas adapté aux patients atteints d'Alzheimer et leur problématique", explique sur franceinfo jeudi 5 septembre Olivier de Ladoucette, psychiatre, gériatre, président-fondateur de la Fondation pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer.
Il s'exprime après que le corps d'un homme de 73 ans a été retrouvé mardi au 6e étage dans une unité désaffectée de l'hôpital de la Conception à Marseille. Il s'agit d'un patient, atteint de la maladie d'Alzheimer, qui a disparu le 19 août dernier après avoir échappé à la vigilance du personnel. Le patient de 73 ans était arrivé à l'hôpital pour une séance de chimiothérapie.
franceinfo : Un patient atteint de maladies neurodégénératives, comme Alzheimer, ne devrait pas être traité comme un patient comme un autre ?
Olivier de Ladoucette : Un patient n'ayant pas de troubles cognitifs, à qui vous demandez de s'asseoir quelque part, à qui vous proposez un repas, un traitement, est capable de comprendre et de réagir correctement, de manière adaptée. Or, ces patients avec des maladies de type Alzheimer ne comprennent plus rien. Ils sont, en plus, souvent particulièrement angoissés parce que l'hôpital est un univers très inquiétant, auquel ils ne sont pas familiarisés. Ils ont souvent des réactions qui sont inadaptées. Le personnel n'est pas formé, s'il n'est pas informé, ne pourra pas avoir l'approche nécessaire.
Il faudrait peut-être que des personnels des Ehpad accompagnent, restent avec ces malades, même quand ils sont à l'hôpital, est-ce une piste souhaitable ?
C'est ce que font la grande majorité des Ephad lorsqu'ils ont bien identifié la problématique de leurs patients. Ils vont rarement faire admettre un de leurs patients pour un soin ambulatoire, autrement qu'accompagnés par un membre de l'Ephad ou un proche du patient. Je crois qu'il faut rebondir sur ce fait divers dramatique pour vraiment souligner cette difficulté. Nos malades d'Alzheimer, ils sont nombreux et souvent âgés. Ils ont souvent beaucoup de problèmes dans le monde hospitalier, parce que c'est un univers qui n'est absolument pas adapté pour eux et leur problématique.
Pour vous, la réponse, c'est plus de personnel, et surtout du personnel mieux formé, du personnel spécifique pour ces malades ?
Pas nécessairement. C'est surtout un personnel formé qui comprend la difficulté et puis également un petit peu de souplesse. Souvent, dans les hôpitaux, les familles viennent avec leurs parents, présentant ce type de trouble et disent : cette nuit, est-ce que vous m'accorderez la possibilité de rester dans la même chambre parce que je sais que mon père ou ma mère risque d'être un peu agité.e. On leur répond que ce n'est pas dans le règlement et que c'est compliqué. Le résultat, c'est qu'ils partent et le lendemain ils trouvent leurs parents souvent dans une camisole physique ou chimique parce qu'entre temps, ils se seront réveillés, ils auront tenté de se déplacer dans le service.
Cela pose de gros problèmes. Tous les jours, vous avez des malades d'Alzheimer qui se perdent autour de leur domicile, au départ d'un Ephad ou dans les hôpitaux, ça arrive. Heureusement, la fin n'est pas tragique comme celle-là mais ça arrive en permanence. Donc il faut trouver des outils, il faut trouver une formation pour répondre à ce problème.
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