Ebola : des chauves-souris insectivores suspectées d'être à l'origine de l'épidémie
Ce type d'animal pourrait avoir contaminé, dans un village du sud de la Guinée, un enfant considéré comme le point de départ de l'épidémie.
Des chauves-souris mangeuses d'insectes pourraient être à l'origine de l'épidémie de fièvre Ebola qui a fait 7 700 morts en un an en Afrique de l'Ouest, selon les résultats d'une étude allemande publiée mardi 30 décembre. Ce type d'animal pourrait avoir contaminé, dans le village guinéen de Meliandou, près de Guéckédou (sud du pays), un enfant considéré comme le point de départ de l'épidémie, la plus longue et meurtrière depuis la découverte du virus en 1976.
Une enquête menée sur le terrain
Agé de 2 ans, cet enfant est mort d'Ebola en décembre 2013. Jusqu'à présent, c'est une autre espèce de chauve-souris, se nourrissant de fruits, qui était considérée comme l'origine la plus probable de l'infection première, car ces animaux sont chassés dans cette région. Mais l'enquête sur le terrain, menée par une équipe dirigée par des chercheurs allemands de l'institut Robert Koch de Berlin (article en anglais), a montré que de petites chauves-souris insectivores colonisaient un arbre creux où les enfants du village avaient l'habitude de jouer.
Cet arbre a été en partie brûlé depuis la mort de l'enfant, ce qui a détruit la colonie de chauves-souris. Des prélèvements de cendres et de terre ont toutefois permis de retrouver des traces génétiques de ces animaux mangeurs d'insectes, mais aucune trace du virus Ebola. Ces chauves-souris peuvent également être porteuses du virus Ebola comme leurs cousines frugivores, d'après d'autres prélèvements et analyses effectuées par l'équipe allemande dans la région.
"Nous devrions nous intéresser aux chauves-souris insectivores"
L'enfant de 2 ans "pourrait avoir été infecté en jouant dans l'arbre creux abritant une colonie de chauves-souris insectivores", avancent les chercheurs dans leur article, publié dans la revue scientifique Embo Molecular Medicine (articles abonnés, en anglais). Mais l'un des principaux signataires de cette recherche, l'épidémiologiste Fabian Leendertz de l'Institut Robert Koch reste prudent. "Nous avons trop peu de données (...) et tout ce que nous pouvons dire est que nous devrions nous intéresser aux chauves-souris insectivores", explique-t-il. Le scientifique souligne qu'on connaît actuellement "peu de choses" sur ces animaux et que son équipe a d'ailleurs engagé une étude pour en savoir plus.
Une autre hypothèse a été avancée concernant l'origine de l'épidémie : celle d'une infection par des mammifères sauvages comme des singes, eux-mêmes contaminés par les chauves-souris. Cette hypothèse semble désormais écartée par les chercheurs allemands puisque aucune trace d'épidémie par Ebola dans la faune sauvage de la région n'a été détectée. "Nous avons surveillé la population de grands mammifères près du village de Meliandou et n'avons trouvé aucun signe d'une épidémie", explique le Dr Leendertz.
Pour ce spécialiste, il ne servirait à rien de détruire les chauves-souris pour se prémunir d'Ebola : "Ce n'est pas une solution de commencer à tuer les chauves-souris ou à détruire leur habitat. Cela pourrait même avoir un effet rétroactif désastreux".
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