Endométriose : trois questions sur le test salivaire que la Haute Autorité de santé juge "prometteur"

Développé par la biotech lyonnaise Ziwig, l'Endotest, censé permettre un diagnostic précis et rapide de l'endométriose, va être l'objet d'"études complémentaires", selon l'évaluation de la Haute Autorité de santé rendue lundi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'Endotest, développé par la biotech Ziwig, nécessite un échantillon de salive pour détecter l'endométriose chez les personnes menstruées, âgées de 18 à 43 ans. (Photo d'illustration) (ANNETTE RIEDL / DPA / AFP)

Les années d'errance médicale vont-elles cesser d'être une fatalité pour les personnes souffrant d'endométriose ? C'est en tout cas ce que laisse entrevoir l'évaluation de la Haute Autorité de santé (HAS) sur l'Endotest salivaire, rendue lundi 8 janvier. Qualifié de "prometteur", ce test permet notamment d'éviter une intervention chirurgicale inutile, notamment pour les patientes ayant des symptômes proches de l'endométriose mais non porteuses de cette maladie chronique.

L'endométriose provoque de fortes douleurs pelviennes, menstruelles ou non selon les stades, et peut aller jusqu'à causer l'infertilité. Une femme sur 10 en âge de procréer en est atteinte. Ce test constitue-t-il réellement une "révolution" pour elles, comme l'affirme son fondateur, Yahya El Mir ? Franceinfo fait le point.

1 En quoi ce test consiste-t-il ?

L'Endotest se présente sous la forme d'un kit avec à l'intérieur un tube en plastique, dans lequel il faut cracher. Bien moins invasif qu'une échographie pelvienne ou une cœlioscopie, il nécessite uniquement cet échantillon de salive pour détecter l'endométriose chez les personnes menstruées, âgées de 18 à 43 ans. Le diagnostic repose ensuite sur la technologie du séquençage à haut débit et fait appel à l'intelligence artificielle. Ce nouvel outil a été mis au point par l'entreprise Ziwig, fondée en 2019 à Lyon.

Il y a un an, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) était resté prudent sur les résultats d'une première étude incluant seulement 200 patientes. Lundi, la HAS s'est montrée plus optimiste : son avis se base cette fois sur l'extension de cette même étude, réalisée sur plus de 1 000 femmes souffrant de douleurs pelviennes. Elle propose dans un premier temps un accès précoce, via un forfait dit "innovation". Concrètement, si l'avis de la HAS est suivi par le gouvernement, des femmes de plus de 18 ans, pour lesquelles une endométriose est "fortement suspectée", pourront réaliser gratuitement ce test. Une prise en charge cependant "conditionnée" à la participation à de nouvelles études.

2 Est-il déjà utilisé dans d'autres pays ?

L'Endotest est commercialisé dans 17 pays d'Europe et du Moyen-Orient. La Suisse a été le premier pays à en proposer l'accès. En juin 2022, il devient accessible à la vente sur le site du laboratoire d'analyses médicales Labor Team w ag, au prix de 781,20 francs suisses (soit environ 712 euros). Une somme expliquée par le recours aux machines NGS (new generation sequencing), qui coûtent extrêmement cher, selon l'association S-Endo.

Il sera bientôt disponible au Canada, aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Chine, au Japon, en Asie du Sud-Est, en Israël, en Grèce, en Pologne, en Espagne, au Portugal et à l'île Maurice. En France, sa mise sur le marché et son prix dépendent de l'avis que va rendre le gouvernement : dans l'hypothèse où il s'aligne sur celui de la HAS, les femmes de plus de 18 ans, pour lesquelles une endométriose est "fortement suspectée", pourront réaliser gratuitement ce test.

3 Qu'est-ce que ça va changer ?

Un délai moyen de sept ans pour obtenir un diagnostic, une cœlioscopie qui implique une anesthésie générale, une échographie pelvienne souvent vécue comme angoissante... Autant de situations qui pourraient être évitées si le test salivaire venait à être commercialisé et remboursé par la Sécurité sociale. Cet outil médical, jugé conforme aux exigences de l'Union européenne en matière de sécurité, de santé et de protection de l'environnement, délivre un résultat en moins d'une semaine.

Autre avantage : l'Endostest permet de détecter tous les types d'endométriose, des formes superficielles aux formes profondes, y compris dans les cas complexes des patientes "discordantes", c'est-à-dire celles dont les symptômes évoquent l'endométriose, malgré un traitement médical supprimant les règles et des examens cliniques et radiologiques normaux. De plus, un traitement hormonal n'a pas d'impact sur le résultat. Surtout, l'Endotest permet d'éviter une intervention chirurgicale inutile, notamment pour les patientes souffrant de symptômes évocateurs de l'endométriose mais qui ne sont pas porteuses de cette maladie chronique.

Ziwig travaille sur une seconde version du test dans l'objectif d'identifier les caractéristiques de la maladie en fonction des patientes. L'intérêt d'un tel degré de précision ? Ajuster les traitements. Bien qu'il soit, à ce jour, impossible de guérir de l'endométriose, l'hormonothérapie et la chirurgie peuvent parfois endiguer son évolution

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