Grippe aviaire : "Malheureusement, la seule solution, c'est abattre les animaux pour refaire un vide sanitaire le plus tôt possible", selon la FNSEA
Construction de bâtiments pour mettre à l'abri les animaux, désinfection, biosécurité... Toutes les mesures mises en place pour éviter les contaminations ont été tentées en vain, déplore le président de la section palmipèdes FNSEA des Landes.
Des "centaines de milliers" de canards vont être tués, après l'extension des abattages annoncée jeudi 7 janvier par le gouvernement, a prédit vendredi le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie sur France Bleu Gascogne, invoquant le besoin "d'accélérer dans la course contre la montre" pour venir à bout du virus de la grippe aviaire qui se répand dans le Sud-Ouest."Malheureusement, la seule solution, c'est abattre les animaux pour refaire un vide sanitaire le plus tôt possible", a expliqué vendredi sur franceinfo Hervé Dupouy, éleveur à Castelnau-Tursan et président de la section palmipèdes FNSEA des Landes.
franceinfo : Comment la situation a-t-elle pu devenir totalement hors de contrôle en quelques jours ?
Hervé Dupouy : Il y a plusieurs explications. Mais la première, c'est d'abord que le virus est extrêmement virulent et qu'il est extrêmement contagieux. La densité des élevages sur le département des Landes fait qu'il se propage d'une exploitation à une autre. Ce qu'il faut éviter, c'est la première contamination par l'avifaune sauvage.
"Une fois que le virus est dans les élevages, comme les exploitations sont à proximité, elles se contaminent au fur et à mesure."
Hervé Dupouyà franceinfo
Cela a d'abord commencé par tous les palmipèdes qui étaient en dehors des bâtiments. Et aujourd'hui, comme le virus est extrêmement présent dans l'environnement, c'est l'intégralité des canards, même en bâtiment, qui sont impactés, mais pas seulement. Il y a aussi les volailles, qui sont aussi également impactées, comme les poulets.
Il faut remonter à 2016 pour retrouver une situation identique où 4,5 millions de canards avaient été abattus. Un vide sanitaire de six mois avait été instauré. Est-ce que les autorités sont capables aujourd'hui de vous expliquer pourquoi ce virus est aussi virulent ?
Pour l'instant, on n'a pas d'explication. Beaucoup de travail avait été fait en 2017 pour se prémunir contre ce virus ou contre un variant de ce virus. Malheureusement, on voit bien que c'est largement insuffisant et que malheureusement, on est dans l'incapacité aujourd'hui, avec les outils et les moyens que nous donne l'État, d'arriver à enrayer ce fléau et qu'il continue à se propager sur les autres départements. Des bâtiments ont été construits pour mettre nos animaux à l'abri.
"Des mesures de biosécurité ont été mises en place sur les exploitations. Ça représente entre 40 000 et 400 000 euros d'investissement par exploitation."
Hervé Dupouyà franceinfo
Un gros travail de nettoyage et de désinfection a été fait au niveau des transports afin de sécuriser et pour éviter que la maladie ne se propage de cette manière-là. Donc, il y a tout un tas de mesures qui ont été mises en place qui font que théoriquement, ça devait nous protéger et malheureusement, ce n'est pas le cas.
400 000 animaux ont été abattus. Des centaines de milliers d'autres vont l'être dans les prochains jours. Il n'y a pas d'autre solution ?
En curatif avec une telle présence de virus, j'aimerais vous dire qu'il y a une autre solution. Mais malheureusement, c'est la seule. C'est abattre les animaux pour refaire un vide sanitaire le plus tôt possible. Un vide sanitaire c'est le moment où il n'y a pas d'animaux sur l'exploitation, où l'exploitation est entièrement désinfectée et nettoyée. Ça peut durer entre un et deux mois. Plus tôt on fera ce vide sanitaire, plus tôt on pourra reprendre nos élevages et reprendre notre production, que soit un canard comme un poulet, comme une caille ou comment une poule pondeuse.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.