Grippe aviaire : trois questions sur l'abattage massif de canards dans le Sud-Ouest
L'objectif de cette opération, qui se déroulera du 5 au 20 janvier, est de circonscrire la diffusion rapide de l'épidémie de grippe H5N8, dont 89 foyers ont été détectés dans la région.
Plusieurs centaines de milliers de palmipèdes vont être abattus. Cette nouvelle vague d'abattage massif de volailles démarre le jeudi 5 janvier dans 150 communes du Sud-Ouest et durera jusqu'au 20. Les opérations concernent des canards élevés en plein air. Le but de l'opération ? Faire face à la diffusion rapide de l'épidémie de grippe H5N8, dont 89 foyers ont été détectés dans le Sud-Ouest. Quelle est la zone touchée et quelles seront les conséquences de cet abattage massif ? Franceinfo répond à trois questions.
Quelle est la zone touchée ?
L'abattage massif se déroulera dans Le Gers, les Landes, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques. Une zone "qui concentre la majorité des derniers foyers déclarés", comme l'explique Le Parisien. Sont concernés un million de palmipèdes "en parcours" prêt-à-gaver, c'est-à-dire âgés de 3 à 13 semaines, exposés au passage des oiseaux sauvages qui transmettent le virus H5N8, et appelés à être transportés pour être gavés, a indiqué le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.
"Nous sommes face à une diffusion très large du virus qui est très agressif et très rapide", a précisé le ministère, selon lequel "plus de 300 000 oiseaux" ont déjà été abattus dans le Sud-Ouest, mais jusqu'à présent uniquement dans des élevages infectés. Cette fois-ci, tous les élevages situés dans un rayon de 10 km autour d'un foyer de grippe aviaire seront concernés.
Quelle est la différence par rapport à l'épidémie de l'an dernier ?
La zone avait déjà été touchée, à la fin 2015, par le virus H5N5. "Contrairement au virus de l'an dernier, celui-ci est très virulent. Il provoque la mort systématique des animaux touchés mais n'est pas transmissible à l'homme", explique au Figaro Marie-Pierre Pé, déléguée général du Cifog, le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras, qui représente les éleveurs et les industriels.
Le virus H5N8, qui se propage depuis la fin novembre dans l'Hexagone, est classé "hautement pathogène", comme l'était la souche H5N1, apparue en Dordogne à la fin 2015. Mais la grippe concernait alors "strictement la France et le Sud-Ouest" et avait un "niveau de pathologie faible chez le canard", indique Jean-Luc Guérin, professeur à l'Ecole nationale vétérinaire de Toulouse et chercheur à l'Inra.
Au contraire, "l'épisode actuel concerne l'ensemble de l'Europe". "L'introduction du virus H5N8 dans les élevages se fait directement ou indirectement par la faune sauvage", et c'est un virus "nettement plus meurtrier", selon le scientifique.
Quelles sont les conséquences pour les éleveurs ?
L'arrivée du virus H5N8 a empêché la France de recouvrer son statut de "pays indemne", indispensable pour exporter son foie gras hors d'Europe, notamment en Arabie saoudite, en Chine ou au Japon.
Cette nouvelle épidémie est un coup particulièrement dur pour la filière foie gras, dont la production a déjà fondu d'un quart en 2016, selon le Cifog. Le Comité "craint des pertes considérables" de l'ordre de 75 à 80 millions d'euros en comptant le coût de l'abattage et du vide sanitaire qui suivra.
Des pertes qui seront indemnisées dans des conditions qui seront arrêtées "lorsque la situation sera stabilisée", précise le ministère. L'Etat prendra également en charge le coût des opérations de transport, d'abattage et d'équarrissage.
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