Ménopause : faut-il bannir les traitements ?
Les traitements de la ménopause augmentent-ils les risques de cancer du sein ? Cette question taraude les scientifiques depuis le début de l’utilisation des oestrogènes contre les symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, ostéoporose, troubles du sommeil, sécheresse vaginale…). "On a toujours su que ces traitements étaient associés à une augmentation modérée du risque de cancer du sein mais le problème est de savoir si cette augmentation est tolérable ou non", nous rapporte la professeure Françoise Forette, médecin interniste gériatre.
Une nouvelle étude publiée le 29 août 2019 dans la revue The Lancet apporte la confirmation que les femmes qui suivent un traitement hormonal de la ménopause (THM) ont un peu plus de risque de développer un cancer du sein que les autres.
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Un risque de cancer accru de 2%
Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont analysé 58 études épidémiologiques déjà publiées sur le sujet et réunissant un total de près de 500.000 femmes. Ils ont alors pu mettre en évidence que les femmes de 50 ans sous THM associant oestrogènes et progestérone pendant cinq ans présentaient 8,3% de risque de développer un cancer du sein dans les 20 ans qui suivent le début du traitement. Ce risque tombe à 6,3% pour les femmes du même âge sans traitement et à 6,8% pour celles suivant un THM contenant uniquement des oestrogènes.
A première vue, on pourrait donc penser qu’il est préférable d’utiliser des THM à oestrogènes seuls plutôt que des THM associant oestrogènes et progestérone. Mais il a déjà été démontré que l’administration de THM à base d’oestrogènes seuls augmente le risque de cancer de l’endomètre. "Pour les femmes qui ont toujours leur utérus, cela revient à quelque sorte à devoir choisir entre les seins ou l’utérus" résume Françoise Forette.
Bannir les traitements longue durée
Par ailleurs, ce que les chercheurs ont également observé, c’est que la durée de prescription du traitement jouait un rôle sur le risque de cancer du sein : "il existe peu de risque après l’utilisation de THM pendant moins d’un an, mais des risques accrus certains liés à une utilisation de un à quatre ans seulement et des risques qui augmentent progressivement avec la longueur de l’utilisation" écrivent ainsi les chercheurs dans leur publication. "Les femmes qui prennent des THM pendant moins d’un an n’ont aucun risque et celles qui en prennent pendant cinq ans ont un risque d’environ 2%, ce qui reste faible", tempère la professeure Forette.
C’est pourquoi, selon elle, puisque "le risque est individuel et qu’on ne sait pas le détecter, il n’y a aucune raison de priver les femmes d’un traitement de la ménopause pendant quelques mois à un an".
La démarche à adopter serait donc de "ne plus prescrire ces traitements au très long cours sur une dizaine d’années" mais de continuer à les prescrire sur des courtes durées aux femmes qui supportent très mal la ménopause car ces médicaments possèdent "des effets extraordinaires sur la qualité de vie", rappelle la médecin.
Favoriser la voie cutanée
Autre point à prendre en compte lors de la prescription : le mode d’administration du THM. Car selon les conclusions de cette étude, le seul traitement hormonal qui n’est pas associé à un risque accru de cancer est le gel aux oestrogènes pour application locale au niveau du vagin. "Ce type de traitement est donc à favoriser, et ce également pour diminuer le risque de complications cardiovasculaires " appuie la professeure Forette.
Dans tous les cas, "les gynécologues prescripteurs sont aujourd’hui extrêmement prudents dans leur prescription" remarque la gériatre.
Un principe de précaution qui évaluera peut-être en fonction des résultats des prochains travaux. Car même si cette dernière étude porte sur un grand nombre de femmes, elle reste observationnelle. Autrement dit, elle met en évidence une association mais ne prouve pas qu’il existe un lien de cause à effet entre le cancer du sein et le traitement hormonal de la ménopause.
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