"La nuit, je peux me lever jusqu'à 13 fois" : le quotidien des aidants auprès de proches handicapés, malades ou âgés
Le 6 octobre est la journée nationale des aidants. En France, ils sont 11 millions à intervenir régulièrement auprès d'un proche. Beaucoup réclament la création d'un statut officiel avec des droits et des aides.
Ils sont 11 millions à donner de leur temps pour un ou plusieurs proches. Eux, ce sont les aidants familiaux. La journée nationale des aidants, le 6 octobre, met en lumière la difficulté de la tâche qui incombe à ces personnes qui interviennent régulièrement auprès d'une personne de leur entourage, handicapée, malade ou âgée.
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Ce travail très prenant débouche souvent sur un épuisement. Beaucoup demandent la création d'un statut officiel d'aidant familial avec des droits et des aides. Rencontre avec deux aidants aux parcours différents.
Psychologue, homme de ménage et manager
Philippe a 51 ans. Il y a un peu plus de quatre ans, il s'est arrêté de travailler pour s'occuper de ses deux parents qui souffrent d'une maladie apparentée à Alzheimer. Depuis, il s'occupe d'eux 24 heures sur 24. "Je les aide à se lever du lit, je fais le petit-déjeuner et les aide pour la toilette. Ensuite je fais le ménage, quelques courses et je prépare le repas. L'après-midi, il y a un petit moment de tranquillité quand ils font la sieste sur le canapé puis ça redémarre à partir de 16 heures", détaille-t-il.
Cette assistance qu'il propose à ses deux parents ne s'arrête pas au moment du coucher. "La nuit, je peux être amené à me lever jusqu'à 13 fois et au moment de me recoucher, je ne me rendors pas tout de suite. Donc la nuit est très courte." C'est donc un quotidien rythmé par ses parents et leurs besoins que vit Philippe depuis plusieurs années. Avec quelques moments de répit.
Actuellement, les plus beaux moments de ma vie c'est le soir, quand les parents sont couchés. C'est se poser sur le canapé et grignoter une barre chocolatée. C'est un vrai plaisir
Philippe, aidant familial de ses deux parentsà franceinfo
Pour celui qui se dit "psychologue, homme de ménage, manager", pas d'horaires fixes de travail et pas de RTT ni de congés payés non plus. Philippe consacre toute sa vie à ses parents. "Depuis quatre ans et demi, je n'ai pas pris une seule semaine de vacances", témoigne-t-il. Pour autant, il ne regrette absolument pas le choix qu'il a fait pour s'occuper de ses deux parents. "Pour moi c'est tellement naturel", assure-t-il.
Mettre en place des relais pour pouvoir souffler
Clotilde a une fille qui souffre d'un autisme léger. Cette jeune femme a donc décidé de créer sa propre entreprise il y a trois ans, pour avoir plus de temps pour s'occuper de Claire, 7 ans et demi. "Je dois organiser ma vie en fonction de ma fille. Le fait qu'elle soit épanouie est une priorité pour moi", assure cette femme dynamique. Pour celle qui réfléchit en permanence à la manière de mieux accompagner sa fille, impossible d'avoir un emploi classique : "Je ne peux pas travailler à plein temps. Mon travail est organisé en fonction des besoins de Claire." Malgré ce quotidien dirigé par les besoins de sa fille, Clotilde réussit à gérer la charge de travail que représente son statut d'aidant.
Mentalement c'est lourd mais j'ai mis en place beaucoup de relais pour que ça ne soit pas trop pesant. Par exemple, le jeudi soir, j'ai une soirée pour moi, où je peux sortir, voir des amis...
Clotilde, aidante familiale de sa fille, atteinte d'autismeà franceinfo
Elle s'épanouit aussi dans son travail d'accompagnement de jeunes dans leur orientation. "Ça contribue au fait que je suis pleine d'énergie pour Claire et elle le ressent très positivement." Elle estime que les aidants ne doivent pas se laisser submerger et doivent mettre en place toutes les solutions possibles pour être eux aussi aidés. "C'est très important de trouver tous les moyens d'être entouré que ce soit par sa famille ou des professionnels. J'ai beaucoup de chance mais je suis aussi allée chercher le soutien dont j'avais besoin. "
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