Le patch qui veut s'attaquer aux allergies alimentaires
Une jeune pousse de la biotechnologie française a touché le gros lot Outre-Atlantique. Elle se nomme DBV et depuis son introduction à la Bourse de New York, en octobre 2014, elle a annoncé avoir levé 240 millions de dollars auprès d’investisseurs américains, comme le rapporte Le Monde.
La raison de son succès est l’espoir placé dans un petit patch qu’elle élabore, le Viaskin® Peanut. Ce patch promet de traiter l’allergie aux cacahuètes. Elle touche 1 à 3% des adultes dans le monde et 4 à 6% des enfants. Or pour le moment, aucun traitement efficace n’a vu le jour pour faciliter la vie de ces millions de personnes contraintes de scruter attentivement les étiquettes des biscuits et autres produits alimentaires à la recherche de traces de cette arachide maudite.
Quelle technologie se cache dans ce patch ?
L’approche proposée par DBV fait partie d’un ensemble de méthodes de désensibilisation de l’allergie qui vise à combattre le mal par le mal en exposant la personne allergique à de très faibles doses d’allergènes. L’ennui est qu’il ne faut pas que ces allergènes atteignent la circulation sanguine, car le patient court alors le risque de souffrir d’une réaction généralisée très grave, le choc anaphylactique. En passant ainsi par la peau, les scientifiques de DBV affirment pouvoir éviter ce phénomène.
Concrètement, une petite quantité d’allergènes (de l’ordre de 100 microgrammes) emprisonnés dans le patch se dissout grâce à l’humidité dégagée par la peau. Ces allergènes se concentrent dans les couches superficielles de la peau, où sont localisées les cellules présentatrices d’antigène qui iront activer le système immunitaire, et ce, sans que les allergènes ne passent dans la circulation sanguine.
Est-elle efficace ?
Cette efficacité a été montrée dans un test clinique chez des patients allergiques au pollen. Le patch ayant entraîné une amélioration des symptômes de la rhinite allergique au cours de la saison pollinique qui a directement suivi le traitement.
Les résultats de l'étude clinique de phase II chargée d’étudier l’efficacité et l’innocuité du Viaskin® Peanut ont été présentés en septembre 2014. La réussite de l’essai était mesurée par l’augmentation de la dose de cacahuètes que les patients pouvaient consommer. Après 12 mois d'étude, 50 % des participants ont répondu au traitement, c'est-à-dire qu'ils pouvaient consommer 1 gramme de cacahuettes à l'issue de cette période (soit 10 fois plus qu'au départ).
Une autre étude pilote a été menée pour évaluer l’efficacité et la sureté du Viaskin® contre les allergies au lait de vache. Si le patch a entraîné une amélioration de la tolérance au lait chez les enfants, les résultats n’étaient pas significatifs. L’étude a néanmoins montré que le dispositif est bien toléré puisqu’aucun effet indésirable grave, comme un choc anaphylactique, n’a été rapporté. En revanche, les chercheurs ont constaté une augmentation des réactions inflammatoires de la peau.
De nouvelles études, réalisées sur un plus grand nombre de personnes, seront donc nécessaires pour véritablement connaître l’efficacité de ce patch.
Sera-t-elle bientôt commercialisée ?
Quoiqu’il en soit, le Viaskin® Peanut semble avoir impressionné l’Agence américaine du médicament (FDA). En avril 2015, l'Agence lui a accordé le statut de "traitement de rupture" qui vise à accélérer le développement et l’évaluation réglementaire de médicaments destinés à traiter les maladies graves ou engageant le pronostic vital, comme l’allergie à l’arachide. DBV doit maintenant aborder la phase III (dernière phase d’étude clinique, avant la mise sur le marché) chez les enfants.
Si les résultats confirment son efficacité, le Viaskin® Peanut pourrait être commercialisé dans les prochaines années (pas avant 2018). La société table ensuite sur le lancement du Viaskin® Milk, dont les essais cliniques de phase I ont pris fin, dès 2020, puis d’un patch contre les allergies aux œufs vers 2022, avant d'élargir son champ d’action au-delà des allergies alimentaires.
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