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Peste noire : le mystère de son origine géographique résolu grâce à l'ADN

La grande épidémie de 1346 a tué à l'époque la moitié de la population européenne. Des chercheurs viennent de découvrir que la maladie a pris racine en Asie Centrale, plus précisément au Kirghizistan.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les chercheurs ont décelé le bacille de la peste dans l'ADN de dents de squelettes enterrés au XIVe siècle dans l'actel au Kirghizstan. Photo d'illustration. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

L'un des plus grands mystères de l'Histoire enfin levé. L'origine de la peste noire, qui décima une grande partie de la population européenne aux alentours de 1346 durant le Moyen Âge, a été établi en Asie centrale, dans l'actuel Kirghizistan.

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Les archéologues ont étudié les dents de squelettes enterrés sur les bords du lac Issyk-Koul en 1338-1339. La date était indiquée sur les pierres tombales. Les chercheurs ont décelé le bacille de la peste dans l'ADN de ces dents, explique le médecin légiste Philippe Charlier : "C'est bien la peste qui est à l'origine de la peste bubonique et de la seconde pandémie qui a touché le monde entier en cette toute fin du Moyen Âge, indique l'archéo-anthropologue au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris. On savait que ça se situait dans cette région mais on hésitait de savoir si c'était aux confins de la Chine, de la Sibérie, de la mer Noire ou du Caucase. Ce n'est pas forcément le village ou la vallée mais vraiment la région d'origine, qui a été retrouvée et qui est le Kirghizistan."

Une souche à la base de la peste noire

Il s'agit donc de la même souche de la peste qui a ensuite déferlé sur l'Afrique et l'Europe. La grande épidémie de peste noire qui a tué sept à huit ans plus tard la moitié de la population européenne. Mais comment les chercheurs sont-ils sûrs que ces tombes au Kirghizistan renferment les cadavres des toutes premières victimes ? "Quand on fait des extractions génétiques sur des agents infectieux anciens, on établit assez souvent un arbre phylogénétique quand l'ADN est bien préservé",  éclaire Philippe Charlier. Cela permet de faire une sorte d'arbre généalogique de ces agents infectieux où l'on voit comment ils ont muté au fur et à mesure du temps et de leurs mouvements dans les différentes régions du monde, explique le médecin légiste :

"La souche qui a été retrouvée dans le Kirghizistan, est vraiment à la base de cet arbre généalogique. C'est vraiment une sorte d'ancêtre commun à tous les échantillons de peste qu'on a retrouvé, à toutes ces souches de peste archéologique."

Philippe Charlier, archéo-anthropologue

à franceinfo

Le Kirghizistan se trouvant sur la route de la soie, l'une des principales voies commerciales et de circulation à l'époque, la peste a ensuite voyagé vers l'ouest, notamment via les hommes, mais aussi les poux, les puces des rats. Quant à savoir quel animal a contaminé les premiers hommes au Kirghizistan, les chercheurs penchent cette fois plutôt pour l'hypothèse des marmottes.

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