VIH : le traitement préventif serait efficace à 100 %
Les premiers résultats de l’étude ANRS-Prévenir, menée par le Pr Jean-Michel Molina de l’hôpital Saint-Louis (Paris), ont été présentés ce 24 juillet 2018 lors de la Conférence internationale sur le sida à Amsterdam.
L’étude ANRS-Prévenir a débuté en 2017 pour évaluer l’efficacité de la PrEP sur l’épidémie de VIH en Ile de France.
Le principe de la PrEP ("prophylaxie pré-exposition") est simple : prendre des comprimés de Truvada (ou ses génériques) tout en étant séronégatif, pour faire barrage au virus, alors que ce médicament combinant deux antirétroviraux était initialement destiné aux séropositifs.
L’étude a porté sur 1435 volontaires, non infectés par le VIH, essentiellement des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Ces volontaires ont été recrutés et suivis entre le 3 mai 2017 et le 1er mai 2018 par l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) et l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
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Un traitement anti-VIH tout en étant séronégatif
Ils ont tous pris un comprimé de Truvada (laboratoire Gilead) ou de l’un de ses génériques. Parmi les volontaires, 44 % ont pris le traitement tous les jours et 53 % l’ont pris « à la demande », c’est-à-dire avant un rapport sexuel à risque. Par ailleurs, 20 % de ces personnes se protégeaient également avec un préservatif. Après un an d’observation, aucun cas d’infection par le VIH n’a été notifié, quel que soit le mode d’administration du médicament.
Le traitement a donc eu, en un an, en région parisienne, une efficacité totale. Le traitement semble, par ailleurs, bien toléré.
Pour des personnes fortement exposées au risque d'infection au VIH
« Ces résultats permettent de confirmer la très bonne efficacité de la PrEP puisque que l’on s’adresse à des personnes fortement exposées au risque d’infection par le VIH » se réjouit le Pr Molina, qui mène l’étude.
« C’est une très bonne nouvelle » renchérit le Pr Gilles Pialoux, infectiologue à l’hôpital Tenon (Paris) qui participe également à l’étude, « L’incidence du VIH (NDLR : nombre de nouveaux cas sur une période donnée) est normalement entre 6 et 9% ».
« En matière de prévention, le préservatif est la norme pour le grand public. Mais il faut admettre qu’il ne convient pas à tous. La PrEP, elle, s’adresse aux personnes qui n’utilisent pas le préservatif malgré tous les messages de prévention », explique le Pr Gilles Pialoux. « On ne dit pas aux populations à haut risque de contamination d’enlever le préservatif et de prendre le traitement préventif, ils ont déjà enlevé le préservatif ! Par ailleurs, la PrEP est prescrite dans des centres de santé sexuelle où cette population est suivie, où l’on propose des dépistages et des traitements des infections sexuellement transmissibles. C’est grâce à la PrEP que l’on fait rentrer ce public dans le circuit des soins ».
Un traitement PrEP bien toléré
L’étude doit être maintenant renforcée. « On aimerait recruter d’autres volontaires avec d’autres profils, notamment des femmes hétérosexuelles à haut risque d'infection par le VIH, les jeunes gays de moins de 25 ans » précise le Pr Pialoux, « On recherche 1500 autres volontaires d’ici 2019 ».
Autre résultat encourageant : "Il n'y a eu, à ce jour, aucun arrêt de l'étude pour des raisons liées à des effets indésirables du traitement" rapporte le Pr Molina. Cette étude vient donc confirmer que le médicament est très bien toléré.
La PrEP a déjà été étudiée, notamment en France dans l'étude Ipergay.
En France, en 2016, 153 000 personnes vivent avec le VIH. Parmi elles, 25 000 ignorent qu’elles sont séropositives. Chaque année, environ 6 000 personnes découvrent qu’elles sont séropositives, dont 27% à un stade avancé. Un chiffre stable depuis 2011.
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