Délivrance directe d’antibiotiques : "Il y aura quelques pionniers dans les jours à venir", explique le président de la Fédération des pharmaciens d’officine

Le décret permettant la délivrance directe d'antibiotiques par les pharmaciens est paru, mardi, au Journal officiel.
Article rédigé par franceinfo
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Illustration de boîtes de médicaments, décembre 2022 (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS)

"Il y aura quelques pionniers dans les jours à venir", et "ça va monter en charge", a expliqué mardi 18 juin sur franceinfo Philippe Besset, le président de la Fédération des pharmaciens d’officine alors que le décret permettant la délivrance directe d’antibiotiques par des pharmaciens en cas d’angine et de cystite est paru au Journal officiel. "Nous éconduisons un nombre trop important de patients qui viennent à nous pour demander cette prise en charge", explique-t-il. La majorité des médecins sont opposés à cette mesure. Ils craignent des erreurs de diagnostic. Mais Philippe Besset veut rassurer : "Nous devrons envoyer par messagerie sécurisée de santé notre acte aux médecins traitants pour qu'ils soient informés de la prise en charge de son patient", souligne-t-il.


franceinfo : Comment cela va-t-il se passer ?

Philippe Besset : On peut dire "bonjour, j'ai mal à la gorge et je pense que j'ai une angine". C'est comme ça que débute cette conversation. À partir de ce moment-là, on a deux ou trois questions pour inclure le patient dans le programme. Ensuite, on le prend dans un endroit isolé. On a une série de questions qui ont été définies par la Haute Autorité de santé pour voir s'il n'y a pas de problématiques particulières qui nécessitent de l'adresser au médecin. À la fin de ce deuxième questionnaire, on va faire un test. Si le test est positif, donc si c'est une bactérie et dans ce cas-là, on délivrera un antibiotique avec une posologie adaptée qui là aussi est réglée par la Haute Autorité de santé. C’est en fait une simplification du parcours pour les patients.

Est-ce que cela demande une formation spécifique ?

Les pharmaciens vont devoir faire deux formations. Ils devront s'enregistrer auprès de l'agence régionale de santé pour être habilités à faire ces prises en charge d'affection. Ce sera indiqué à la fois sur la porte des officines, mais aussi sur les sites du ministère de la Santé. Attendez-vous à ce que ce soit quand même fait de façon très généralisée dans les pharmacies à compter de l'automne, et on va dire qu'il y aura quelques pionniers dans les jours à venir. Ça va monter en charge.

Les pharmaciens sont demandeurs de cette nouvelle mission ?

C’est une envie, mais c’est aussi un besoin en fait. Nous éconduisons un nombre trop important de patients qui viennent à nous pour demander cette prise en charge, pour que nous ne soyons pas moteurs dans cette démarche. En fait, c'est une demande des gens. Nous sommes obligés à chaque fois de les éconduire avec parfois des gens qui ne comprennent pas pourquoi, alors qu'ils savent presque ce dont ils ont besoin. On est obligé de leur dire de repartir à l'hôpital ou aux urgences pour se faire prendre en charge.

Ça va permettre de désengorger les cabinets de médecins ?

Oui, probablement. Il faut que ça se fasse en bonne intelligence. Le parcours de soins, c'est un parcours qui doit être fait entre l'ensemble des professionnels de santé. Ce qui est certain, c'est que les informations seront transmises aux médecins traitants de telle manière à ce qu'ils sachent quoi dire à son patient quand le patient va revenir le voir. Nous devrons, ça fait partie du protocole, envoyer par messagerie sécurisée de santé notre acte aux médecins traitants pour qu'ils soient informés de la prise en charge de son patient.

Est-ce que ce dispositif va être ouvert à d’autres pathologies ?

Peut-être que ce sera ouvert à d'autres pathologies. Mais il faut que ce soit des pathologies pour lesquelles la Haute Autorité de santé estime que, un questionnaire et un test, sont suffisants et que ça ne nécessite pas forcément d'examens cliniques.

Cela ne va pas accélérer la pénurie de certains médicaments ?

Le fait de devoir passer par la case test pour avoir l'antibiotique va réduire la consommation parce que nos amis médecins ne font pas toujours le test. Il y a dans de nombreux cas malheureusement des angines virales qui sont traitées par antibiotiques. Le test permettra au contraire de réduire la consommation.

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