Prescriptions d'antibiotiques par les pharmaciens : le syndicat MG France dénonce "des mesures cache-misère"
"Ce sont des mesures cache-misère", a réagi jeudi 31 août sur franceinfo Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins MG France, premier syndicat chez les généralistes, après la décision d'Elisabeth Borne d'ouvrir aux pharmaciens, sous conditions, la prescription directe des antibiotiques aux patients atteints d'infections urinaires ou d'angines.
En visite à Rouen jeudi 31 août, la Première ministre a indiqué que les pharmaciens seraient désormais autorisés à prescrire des antibiotiques pour la cystite et l'angine avec un rapide diagnostic préalable. Ils seront par ailleurs également associés au traitement de la bronchiolite.
"Ce sont des actes simples qui ne prenaient quasiment pas de temps, affirme Agnès Giannotti, les soins non programmés de notre patientèle, c'est déjà 40 % de notre activité". La médecin reconnaît que la coopération des pharmaciens là où les généralistes sont "en difficulté, c'est parfait, quand cela se fait dans le cadre d'un exercice coordonné", et cela "peut être utile dans certains territoires et pas dans d'autres".
MG France veut un retour d'information dans le dossier médical
Mais selon elle, "cela ne règle pas le problème de l'accès au médecin traitant". Elle déplore que "les gouvernements successifs n'aient pas fait ce qu'il fallait pour que les Français puissent avoir accès à un médecin traitant. Donc ça ne traite pas le problème principal". Ce qui prend du temps aux médecins, "ce sont les patients lourds. Ce ne sont pas les actes simples", précise Agnès Giannotti.
La présidente de MG France admet qu'elle n'a "pas d'opposition" à la mesure annoncée par Elisabeth Borne, mais souhaite avoir "absolument un retour d'information" dans le dossier médical "lorsque c'est fait pour les patients, ce qui n'est peut-être pas forcément prévu". Elle redoute les effets secondaires notamment pour "quelqu'un qui ferait des cystites à répétition, des angines à répétition ou des allergies à un médicament. Il faut tout simplement qu'on ait un retour d'information".
Agnès Giannotti plaide par ailleurs pour que soit résolu "les conditions de travail et l'attractivité du travail de médecin généraliste traitant". Elle alerte sur le fait que "le nombre de généralistes diminue d'année en année". Selon elle, actuellement "au concours de spécialités des médecins, il y a moins de 2 % des postes offerts de médecine générale qui étaient pris par les 500 premiers. Cela veut dire que notre profession n'est plus du tout attractive. Cela pose un vrai problème".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.