"On ne constate pas sur le terrain" un retour progressif de l'amoxicilline, affirme la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

L'Agence nationale de sécurité du médicament a annoncé vendredi "une amélioration progressive de l'approvisionnement" de l'amoxicilline.
Article rédigé par franceinfo
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Illustration d'Amoxicilline dans une pharmacie. (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)

"On ne constate pas ça sur le terrain. Nous avons une rupture de l'amoxicilline", a affirmé samedi 27 janvier sur franceinfo Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) contredisant ainsi l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui a annoncé vendredi "une amélioration progressive de l'approvisionnement".

L'amoxicilline est la substance active antibiotique des médicaments Clamoxyl et Augmentin. "Nous sommes dans de très nombreux cas en rupture. On a vraiment un problème sur les antibiotiques, on ne s'en sort pas", affirme-t-il. Près de 5 000 signalements de ruptures de stocks et risques de ruptures ont été recensés par l'ANSM en 2023. La hausse de la demande mondiale et une utilisation à "mauvais escient" en sont probalement la cause, selon lui. "Je ne suis pas optimiste sur l'avenir", alerte Philippe Besset. 

franceinfo : L'ANSM affirme que l'amoxicilline fait son retour dans les pharmacies. Vous le constatez ?

Philippe Besset : Non, je ne le constate pas ça sur le terrain. Nous avons une rupture de l'amoxicilline, Clamoxyl et Augmentin. Il y a eu un approvisionnement une fois il y a deux semaines effectivement, mais de nouveau, nous sommes dans de très nombreux cas en rupture. On a vraiment un problème sur les antibiotiques. On ne s'en sort pas.

Quelle est la raison de cette pénurie ?

C'est très probablement lié à une demande mondiale qui explose. En fait, on utilise trop les antibiotiques, très probablement, à mauvais escient. Il faut qu'on revoie l'usage. Mais il y a également le problème de la tension mondiale sur ce produit. Ce qui est clair, c'est qu'on a besoin maintenant d'avoir une prise en charge au niveau ministériel.

Ça fait deux fois que des réunions importantes sont annulées parce que le ministre démissionne. C'était au mois de juillet avec François Braun, au mois de décembre avec Aurélien Rousseau. Du coup, on est laissé entre nous pour essayer de gérer les problèmes à la petite semaine. Il faut vraiment que Madame Vautrin se saisisse du sujet au niveau ministériel.

Comment trouvez-vous des solutions pour les patients ?

On ne laisse jamais les gens sans rien, évidemment. On se concerte avec le médecin, avec le prescripteur. On essaie de trouver des alternatives thérapeutiques. Sinon, on téléphone à nos confrères pour essayer de voir s'il en reste quelque part. C'est arrivé à un de mes amis sur la région parisienne la semaine dernière. On a fait le tour d'une dizaine de pharmacies sans trouver. C'est quand même incroyable qu'on arrive à ce stade-là. On a changé d'antibiotiques. Il aura eu finalement son traitement.

On parle d'autonomie alimentaire en ce moment. Ça peut valoir aussi pour les médicaments ?  

C'est probablement une des directions vers laquelle il faut aller. Mais il faut également apprendre à utiliser les médicaments différemment dans les temps à venir. La population mondiale explose et la demande mondiale explose, car les pays, autrefois en voie de développement, la Chine et l'Inde, sont maintenant très consommateurs de médicaments.

Ces produits sont issus de la chimie et très difficilement compatibles avec des exigences des normes environnementales actuelles. Pour construire une usine Seveso 2 en France, aujourd'hui, il faut obtenir l'assentiment de la population. C'est compliqué. Je crains qu'il faille apprendre à vivre dans les années à venir avec un autre rapport aux médicaments. C'est une révolution de notre métier qui risque d'arriver avec des prises en compte de consignes, médicament par médicament, qui va être complexe. Je ne suis pas optimiste sur l'avenir.  

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