Spasfon, Zyban... Ces médicaments qu'il vaut mieux éviter, selon le magazine "Prescrire"

Comme chaque année, le magazine spécialisé "Prescrire" dresse sa liste actualisée des "médicaments à écarter pour mieux soigner". D’où il ressort que 106 médicaments autorisés en France ou dans l’Union européenne se révèlent plus préjudiciables qu’utiles.
Article rédigé par Chadi Romanos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
SUR 106 MEDICAMENTS A EVITER SELON "PRESCRIRE", 88 SONT COMMERCIALISES EN FRANCE. (FTV)

"Fin 2024, il n’y a pas de raison valable pour que ces médicaments plus dangereux qu’utiles restent autorisés." C’est le plaidoyer de Prescrire, apposé au bas de sa dernière étude sur le rapport bénéfices-risques des principaux médicaments vendus en France et dans l’Union européenne.

Ce document, élaboré par la rédaction du magazine qui revendique "une analyse indépendante et sans conflit d’intérêts sur les médicaments et les stratégies de soins" au service des patients et des professionnels de santé, dresse la liste exhaustive des substances et médicaments à "écarter pour mieux soigner". Soit parce qu’ils se révèlent inefficaces, soit parce que le prix à payer est trop élevé eu égard au bénéfice à attendre, soit, encore, parce qu’ils peuvent être dangereux.

Pas de quoi pour autant céder à la panique : les substances effectivement décrites comme dangereuses sont rares. Le plus souvent, lorsque les médicaments sont utilisés dans le cadre prévu lors de leur autorisation de mise sur le marché – l’AMM décrit pourquoi, quand et comment le médicament peut être administré –, les effets indésirables sont connus et mentionnés dans la notice.

Risques variables

C’est principalement à ces usages "prévus" que Prescrire s’intéresse. Avec une méthodologie éprouvée depuis 2010, qui permet d’écarter un médicament autour de quatre motifs au moins.

D’abord, certains médicaments sont efficaces mais exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices. Le Zyban, et son principe actif la bupropione, n’est pas plus efficace que la nicotine pour arrêter de fumer mais il expose notamment à « des troubles neuropsychiques (dont des agressivités, des dépressions, des idées suicidaires) ».

D’autres substances peuvent être remplacées par des alternatives plus récentes, plus sûres ou moins chères. C’est tout l’intérêt d’une étude récurrente sur un même panier de médicaments. La qualité des différents produits peut ainsi être évaluée chaque année en prenant en compte, par exemple, les effets indésirables qui n’auraient pas été constatés par le passé, et les nouvelles alternatives de soins.

Mais la nouveauté n’est pas une garantie d’amélioration. Autre motif d’écarter un médicament, pour Prescrire : dans certains traitements inédits, la balance bénéfices-risques est moins favorable que celle de médicaments plus anciens.

Appel à agir

Enfin, le magazine pointe des produits ou molécules dont l'efficacité n'est pas prouvée et qui exposent à des effets indésirables plus ou moins graves. Le phloroglucinol par exemple. S'il n'est pas considéré comme à écarter, Prescrire pointe "son efficacité symptomatique sur les troubles intestinaux bénins récurrents est incertaine. Dans les autres situations cliniques, il n’y a rien à attendre au-delà de l’efficacité d’un placebo". Dans le traitement des douleurs gynécologiques ou liées aux règles, en particulier, où jamais il n’a été évalué. En résumé, cette molécule très populaire, commercialisée sous la marque Spasfon, ne tient pas ses promesses. Elle peut même se révéler dangereuse pour les femmes enceintes.

Au final, sur 106 médicaments pointés du doigt, tous types de pathologies confondus, 88 sont commercialisés en France. Et c’est trop pour Prescrire, qui souligne la responsabilité des soignants pour écarter activement ces traitements. "Du point de vue des patients, comment justifier de les exposer à un médicament qui cause plus d’effets indésirables que d’autres du même groupe pharmacologique, ou d’efficacité similaire ? Comment justifier d’exposer des patients à des effets indésirables graves, quand l’efficacité du médicament n’est même pas démontrée ?"

Le magazine appelle également les autorités de santé à prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité et le bien-être des patients.

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