Cet article date de plus de six ans.

Vidéo Homéopathie : le chef d'un service d'urgences appelle à "arrêter de rembourser des trucs qui ne servent à rien"

Publié
Article rédigé par franceinfo
Radio France

Mathias Wargon, chef de service des urgences SMUR de l’hôpital Delafontaine (Saint-Denis), et signataire d'une tribune dénonçant l'homéopathie, a appelé, ce jeudi sur franceinfo, à "arrêter de rembourser des trucs qui ne servent à rien".

Alors que le débat est de plus en plus intense entre médecins homéopathes et une autre partie du corps médical, notamment après que la faculté de Lille a décidé de suspendre son diplôme dédié à l'homéopathie, Mathias Wargon, chef de service des urgences SMUR de l’hôpital Delafontaine (Saint-Denis), et signataire d'une tribune dénonçant cette méthode de soin, a appelé, jeudi 6 septembre sur franceinfo, à "arrêter de rembourser des trucs qui ne servent à rien". Pour lui, "c'est une croyance et ce n'est pas de la science". "C'est la relation avec le médecin qui marche, pas le granule" et "il est évident qu'il y a une meilleure relation avec ces médecins-là qui prennent probablement plus de temps" avec les patients que d'autres médecins, a estimé Mathias Wargon.

franceinfo  : Que reprochez-vous à l'homéopathie ?

Mathias Wargon : Je lui reproche de ne pas avoir montré son efficacité, de ne pas avoir de base scientifique, et, actuellement, surtout, je lui reproche d'être remboursée. Les médicaments doivent montrer une base scientifique, ils doivent passer à la Haute autorité de santé [HAS], montrer une amélioration du service rendu, et ils n'ont jamais rien prouvé depuis 200 ans. Cela fait 200 ans que l'on nous explique que c'est un principe de similitude, c’est-à-dire qu'un médicament ressemble à un effet qu'il donnerait, après on le dilue à des doses où il n'y a plus de molécule, et on prétend que ça marche. Cela ne marche pas, ni sur le plan chimique, ni sur le plan de la recherche clinique. Rien ne marche, la plupart des Académies de médecine ont dit que ça ne marchait pas, pas depuis six mois, mais depuis dix, vingt ans. L'HAS, même, a déjà rendu son avis sur des médicaments homéopathiques qui sont remboursés à 30%, qui coûtent 126 millions à la Sécu sans compter les remboursements par les mutuelles, sans compter les remboursements des consultations, alors qu'on nous dit qu'il faut économiser de l'argent.

Nous avons entendu, sur franceinfo, une patiente insomniaque dire qu'elle avait essayé d'autres choses, mais que, là, cela avec fonctionné…

Elle n'a pas dit que ça marchait, elle a dit que ça ne l'aidait pas à dormir, que ça la soulageait. Ce qui la soulage, c'est la relation avec le médecin. Il est évident qu'il y a une meilleure relation avec ces médecins-là qui prennent probablement plus de temps, parfois pas non plus en secteur 1 mais en secteur 2 parce que ça prend plus de temps, donc on est sur le versant "relation médicale", pas du tout sur la relation vis-à-vis d'un granule, un granule dans lequel il n'y a plus d'eau, alors que l'homéopathie c'est de l'eau, et où on apprend au patient "un problème – une solution – un granule". Or, nous, ce qu'on dit, ce n'est pas que, dans ce cas-là, il faut donner des somnifères, c'est qu'il faut arrêter de donner des médicaments.

Est-ce que l'effet placebo, si c'en est un, fonctionne ?

L'effet placebo fonctionne avec tous les médicaments. Il y a des études qui montrent que, même quand le patient sait que c'est un effet placebo, ça marche. C'est la relation avec le médecin qui marche, pas le granule. Quant à la déontologie, je vais passer devant une commission, on nous a attaqués pour non-déontologie parce qu'on a rappelé l'article 39 du Code de déontologie qui dit qu'un médecin n'a pas le droit d'utiliser des médecines qui ne sont pas prouvées. Nous n'avons pas utilisé le mot de "charlatan", il est écrit dans le Code de déontologie. Je n'y peux rien s'ils se sentent visés. Ce que je dis, simplement c'est d'arrêter de rembourser des trucs qui ne servent à rien. C'est une croyance et ce n'est pas de la science.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.