Nouveau médicament contre Alzheimer : "C'est un réel espoir" mais le professeur Amouyel attend des "études complémentaires"
L'agence américaine des médicaments autorise ce lundi un nouveau médicament contre la maladie d'Alzheimer, l'Aduhelm. "C'est un réel espoir" pour le professeur Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Alzheime. Mais il reste prudent et attend des "études complémentaires.
L'autorisation ce lundi 7 juin par l'Agence américaine des médicaments d'un nouveau traitement contre la maladie d'Alzheimer "est un réel espoir", se réjouit Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Alzheimer et professeur de santé publique au CHU de Lille.
Il précise néanmoins qu'il y a des conditions à cette autorisation de mise sur le marché : "Le régulateur américain a demandé que le laboratoire réalise une nouvelle étude pour montrer que le médicament améliore également les fonctions cognitives des patients. Si ce n'est pas confirmé, il pourrait être retiré."
franceinfo : Est-ce que ce médicament est un réel espoir ?
Philippe Amouyel : C'est un réel espoir parce que ça montre que dans le monde de l'Alzheimer, il y a des recherches, il y a des médicaments en test et certains d'entre eux finissent par avoir une autorisation de mise sur le marché, mais il faut le préciser, sous conditions. Ce médicament diminue les plaques amyloïdes, une des lésions que l'on trouve dans la maladie d'Alzheimer. Il aurait des effets sur les symptômes cliniques, mais les informations apportées ne sont pas suffisantes. Le régulateur américain a demandé que le laboratoire réalise une nouvelle étude clinique pour montrer qu'il améliore également les fonctions cognitives des patients ou qu'au moins il en diminue le déclin.
Pourquoi le régulateur américain prend-il le risque d'autoriser ce nouveau médicament ?
Le lien existe entre cette fameuse protéine amyloïde, contre laquelle lutte ce médicament, et la survenue de cette maladie d'Alzheimer. Maintenant, la causalité quant à la suppression de l'amyloïde sur les symptômes cliniques va demander encore quelques essais supplémentaires. Aujourd'hui, ce médicament a été testé dans trois études. Deux montrent clairement une amélioration de 23% du déclin cognitif. L'autre étude est beaucoup moins nette. C'est cette ambiguïté qui génère une demande d'études complémentaires à l'issue desquelles, si c'est confirmé, le médicament aura son autorisation permanente. Sinon, il pourrait être retiré.
Les Français pourront-ils avoir accès à ce nouveau traitement ?
Il faut quand même savoir que ce nouveau traitement n'est pas indiqué chez tous les patients atteints d'Alzheimer. Il montre un effet chez les personnes qui ont des troubles légers des fonctions cognitives ou qui ont la maladie à son tout début. Pour que les Français y aient accès, ça va dépendre de l'Agence européenne du médicament. Je pense que la décision de la régulation américaine risque d'accélérer les procédures. C'est probablement une question de semaines ou de mois. Mais moi, je suis favorable à ce que l'on démontre d'abord que ce médicament a bien une activité clinique. Ce qui prendrait peut-être plutôt quelques mois ou d'années d'essais.
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