Numéro unique pour les urgences : "Aujourd’hui, il y a de la perte de temps", plaide la Fédération des sapeurs-pompiers de France
Gregory Allione appelle à séparer "l'urgence et les soins non urgents", avec un numéro unique. "Il n'y a qu'en France que nous avons ce florilège de numéros", rajoute-t-il.
Les députés ont voté, le 12 mai dernier, l'expérimentation d'un numéro d'appel d'urgence unique, le 112, pour remplacer le 15 (Samu), le 17 (police) et le 18 (pompiers). Si ce nouveau numéro inquiète François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France, Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, estime lundi 24 mai sur franceinfo que "la perte de temps, c'est aujourd'hui". "Le sujet, c'est de mettre tout le monde autour d'une table pour répondre aux urgences de nos concitoyens", réagit-il.
franceinfo : Selon vous, un numéro unique fait gagner du temps ?
Grégory Allione : Aujourd’hui, il y a de la perte de temps. Lorsque vous appelez le SAMU, il va rechercher une ambulance et très régulièrement, il va revenir vers les pompiers pour nous solliciter une demi-heure après. C'est ce que l'on appelle la carence. Lorsque vous appelez les pompiers pour une intervention de secours chez vous, nous sommes obligés d'appeler le Samu pour qu'il nous autorise finalement à partir à un moment donné, lorsqu'il l'aura décidé. Donc la perte de temps, c'est aujourd'hui. L'idée, ce n'est pas de faire disparaître le Samu, pas du tout. L’idée n'est pas de faire disparaître les gens, c'est au contraire de les mettre ensemble pour travailler.
Les pompiers ont la compétence pour trier les malades ?
Mais le sujet ce n'est pas, encore une fois, de donner la compétence aux seuls pompiers. Le sujet, c'est de mettre tout le monde autour d'une table pour répondre aux urgences de nos concitoyens. L'idée, ce n'est pas de donner l'exclusivité aux pompiers. C'est là où on nous induit en erreur dans le débat. L'idée, ce n'est pas de faire disparaître Pierre, Paul ou Jacques. L'idée, c'est que tout le monde à travailler ensemble, à répondre aux urgences et surtout que lorsque vous avez une urgence tout ne soit pas traité dans le même tuyau. Pendant la crise du Covid, on a dit qu'il fallait appeler le 15. Pour un accident cardiaque, on dit qu'il faut appeler le 15. Pour une grippe, on dit qu'il faut appeler le 15. Lorsque vous vous coupez, il faut appeler le 15. Finalement, vous pensez que l'ensemble des éléments que je viens de citer sont du même degré d'urgence? Non. Ce qui veut dire que pendant la crise du Covid, comme chaque année pendant la période de grippe, vous avez un nombre d'appels qui concernent cette pathologie, c'est-à-dire le Covid ou la grippe, qui se retrouvent dans le même tuyau que celles et ceux qui appellent pour un accident cardiaque.
Quand on appelle le 112, quel est le processus ?
Vous aurez un opérateur qui répondra qui sera soit un permanencier du SAMU, soit un sapeur-pompier, soit un policier, qui déclenchera, selon des algorithmes, une ambulance, un médecin si cela est jugé nécessaire par le médecin régulateur qui sera avec nous. Et si jamais vous êtes dans un environnement hostile parce qu'il y a une manifestation, peut être que vous aurez la police qui sécurisera l'opération. Et ce système-là fonctionne dans tous les pays européens. Il n'y a qu'en France que nous avons ce florilège de numéros. Aujourd'hui, ce que nous souhaitons faire, ce que les députés souhaitent, c’est faire des centres départementaux d'appel d'urgence pour répondre à l'urgence et séparer finalement le soin. Quand vous avez votre enfant qui a mal à la tête, a une rage de dents, il a besoin de la médecine libérale. C'est ce service d'accès aux soins que le ministre [de la Santé] Véran souhaite mettre en place et que madame Buzin [l'ancienne ministre de la Santé] avait annoncé. Il faut le mettre en place, le mettre de manière concomitante, concordante avec ce système des urgences. D’un côté l'urgence et de l'autre les soins non urgents. Et tout cela avec une perméabilité permettant justement que si votre pathologie, votre mal de tête dégénère en urgence, il puisse y avoir une ambulance ou un hélicoptère qui puisse être déclenché.
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