Hypertension artérielle : par quoi remplacer les médicaments à base d’olmésartan ?
C’est par un arrêté en date du 3 avril 2016 qu’a été validé le déremboursement de tous les médicaments à base d’olmésartan préconisés chez les personnes hypertendues. Cette molécule, qui permet de faire baisser la pression artérielle, n’a pas, selon un rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS), démontré son efficacité dans la réduction des maladies associées à l’hypertension artérielle (infarctus, accidents vasculaires cérébraux) ni de la mortalité. De plus, des cas rares, moins d’1 patient sur 10.000, d’entéropathies ont été décrits chez des patients sous olmésartan. Cette maladie, qui se manifeste par une diarrhée chronique sévère avec perte de poids importante voire une insuffisance rénale aiguë pouvant mener à une hospitalisation, a en effet été associée, de façon spécifique, à la prise de cette molécule.
Selon le Pr François Chast, chef du service de Pharmacie Clinique des Hôpitaux Universitaires Paris Centre, "dans la mesure où il existe d’autres médicaments à prescrire que l’olmésartan, il est urgent de supprimer son autorisation de mise sur le marché en France". Et ce spécialiste du médicament précise : "l’intérêt du médicament doit être pesé en fonction de sa toxicité. Qu’il soit actif, personne n’en doute, mais qu’il soit dangereux doit nous conduire à le retirer du marché".
Rassurer le million de patients sous olmésartan
Cette décision, basée sur des arguments sanitaires, soulève un certain nombre de questions pour les patients concernés.
La première concerne le délai entre l’annonce du déremboursement et sa mise en application. Il y a, en effet, pas loin d’un million de patients traités avec cette molécule en France. Or, selon le Pr Jean-Jacques Mourad, cardiologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny, en banlieue parisienne : "On estime qu’un hypertendu voit son médecin 3 à 6 fois par an, selon son âge et les autres maladies associées. Il ne faut pas rapatrier le million d’hypertendus sous olmésartan dans les cabinets de médecine générale pour faire les changements de traitement". Le délai de trois mois pour changer de médicament semble en effet très court. D’autant que la Commission de Transparence de la HAS recommandait, dans un avis en date du 25 avril 2015, que "l’entrée en vigueur de la radiation ne se fasse qu’après un délai d’un an afin que les patients disposent du temps nécessaire aux éventuelles modifications thérapeutiques".
Le délai de trois mois ayant cependant été décidé par les autorités sanitaires, il devient alors capital, selon le Pr Mourad de "ne pas affoler les malades qui sont actuellement sous olmésartan. Ces périodes de changement de traitement, a fortiori si les gens ne se plaignent de rien, sont plus ou moins bien vécues subjectivement ». D’où l’impérieuse nécessité de bien informer les patients en leur expliquant notamment qu’ "il y a des équivalences mais l’on sait aussi que tout changement de traitement peut induire une période de tâtonnement pour trouver le nouveau traitement ; il faut que cela se fasse sur plusieurs mois : on peut trouver vite comme tâtonner un peu » précise le cardiologue.
Par ailleurs, au vu des risques d’entéropathie pointés par les instances sanitaires, et bien que ceux-ci soient particulièrement faibles, le spécialiste rappelle qu’il sera important de préciser aux patients qu’il n’y a aucune mémoire de l’organisme de cet effet indésirable : "ce n’est pas parce que vous avez été exposé à l’olmesartan pendant des années que vous risquez de l’avoir" précise le Pr Mourad.
Enfin, comme le rappelle la Haute Autorité de Santé, il est recommandé aux patients de ne surtout pas arrêter brutalement leur traitement et de consulter un médecin pour une réévaluation de celui-ci.
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