"Médecin de campagne" : un film qui rend hommage à la médecine rurale
François Cluzet interprète le rôle d'un médecin généraliste en milieu rural. Il sillonne les routes de campagne pour visiter ses patients jour et nuit, sept jours sur sept. Son abnégation est sans faille. "À cause de la désertification des campagnes, ce métier tend, hélas, à disparaitre. Le médecin de campagne est donc, plus que jamais, perçu comme un héros positif. Il incarne un rôle social majeur, faisant le lien entre les générations, luttant contre l’isolement et la solitude de ses patients", commente Thomas Lilti, lui-même médecin avant d'être réalisateur, lors de la projection du film en avant-première.
Très vite pourtant, ce médecin dévoué tombe malade, il est atteint d'un cancer. Malgré son traitement par chimiothérapie, il refusera catégoriquement de s'arrêter de travailler. La question de la transmission de son savoir et de sa succession se pose donc dès le début du film. C'est Marianne Denincourt, une ancienne infirmière, devenue médecin sur le tard, qui reprendra le flambeau.
Un film réaliste sur la médecine rurale
Après l'univers de l'hôpital, le réalisateur d'Hippocrate rend hommage à la médecine de campagne. "Je voulais parler de médecine en milieu rural, de la médecine de campagne, dans un désert médical, en suivant la trajectoire d'un médecin de famille. C'est quelque chose que j’ai connu en faisant des remplacements, que j’ai vu un peu de loin, que j’ai pu observer", explique le réalisateur lors de l'avant-première.
Présenté à un grand nombre de professionnels du secteur médical, le film a été accueilli avec enthousiasme. Pari réussi pour le réalisateur qui appréhendait ce moment de confrontation.
Le film rend compte de la réalité des déserts médicaux, de la difficulté à travailler en milieu rural et de la solitude du métier. "Il faut empêcher les déserts médicaux de gagner du terrain et tout mettre en œuvre pour que ces médecins ne disparaissent pas. C’est, pour moi, un enjeu social majeur et j’ai choisi de porter cette problématique au coeur du film", affirme le cinéaste. La problématique de la fin de vie a aussi (encore une fois) une place très importante dans le cinéma de Lilti.
Une dimension sociale et politique
Même si le but du film n'est pas d'apporter des solutions pour éradiquer les déserts médicaux en France, l'auteur utilise la fiction pour semer des éléments de réponse... "Il y avait chez moi un sentiment d’urgence quant à la nécessité de pointer les « carences » du service public tel qu’il va, mais en gardant toujours le désir de raconter une histoire (…), explique le réalisateur. Sans doute y a-t-il aussi la volonté de revivifier cette dimension politique et sociale, propre aux films des années 1970/80, qui aujourd’hui me semble faire défaut au cinéma populaire français.
Les maisons de santé apparaissent dans le film comme une méthode très peu satisfaisante qui donne souvent lieu à des spéculations financières. De plus, elles ne résolvent pas l'épineux problème du manque de motivation des médecins pour s'installer en milieu rural.
Selon Thomas Lilti, "l'incitation à la médecine généraliste se fera d'abord à l'université". Il faut plus de porosité entre le secteur libéral et l'hôpital. C'est une aberration de former des jeunes médecins généralistes uniquement à l'hôpital", indique-t-il. Ajoutant que les internes devraient intégrer, pendant leur formation, des cabinets libéraux, en ville comme à la campagne. En effet, les déserts médicaux ne sont pas circonscrits à la campagne, ils concernent aussi les zones périurbaines et même les villes.
Médecin De Campagne - Date de sortie en salle : le 23 mars 2016
Médecin De Campagne Bande-annonce VF
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