"Surmortalité" aux urgences : "Il faut en faire une véritable cause nationale hospitalière", estime le président de Samu-Urgences de France

Invité jeudi sur franceinfo, le président de Samu-Urgences de France alerte sur la situation des services d'urgences en France.
Article rédigé par franceinfo
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Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France, le 9 mars 2020. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"On estime aujourd'hui qu'il s'agit d'une nouvelle maladie nosocomiale", a alerté, jeudi 22 février, sur franceinfo le président de Samu-Urgences de France (SUdF) Marc Noizet, à propos de l'engorgement des services d'urgences responsable d'une "surmortalité". Pour le chef des urgences du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace, "c'est l'hôpital qui induit cette morbidité, donc cette aggravation des patients, voire cette mortalité".

"Il faut en faire une véritable cause nationale hospitalière, c'est-à-dire que le ministère doit prendre ça comme son point numéro un", a-t-il lancé. Mercredi 14 février, à Toulouse, un patient s'est suicidé après plusieurs jours sur un brancard, dans une zone d'attente des urgences psychiatriques. Au mois d'octobre, un patient de 25 ans est mort aux urgences de Hyères, dans le Var. Entre janvier 2022 et mars 2023, 136 "événements" de ce type, liés aux services d'urgences, ont conduit à un décès. "C'est un nombre énorme, sans aucun doute sous-estimé ", s'inquiète Marc Noizet.

"Tout le système de santé doit participer au sujet"

Pour le président de Samu-Urgences de France, "ce ne sont pas les urgences qui sont en crise" mais bien "le système de santé qui pèse sur le fonctionnement des urgences". En cause, le nombre de lits disponibles dans les services spécialisés provoquant cet "engorgement" des services d'urgence. L'urgentiste souligne que "tout le système de santé", public comme privé, "doit participer au sujet" car "tout le monde a besoin de services d'urgences qui fonctionnent".

Mercredi, six députés, des syndicats et des associations ont réclamé auprès de la présidente de l'Assemblée nationale la création rapide d'une commission d'enquête sur la crise des urgences et les "pertes de chances" vitales. "L'occasion d'attirer l'œil de nos députés sur cette problématique pleine et entière de l'hôpital", selon Marc Noizet. Mais si "cette commission d'enquête ne changera rien sur le diagnostic, a-t-il estimé, elle permettra peut-être de prendre en considération cette dangerosité et de le dire haut et fort".

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