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Préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans : "Les arbitrages au niveau ministériel ont été pris tardivement", explique un pharmacien

Selon Pierre-Olivier Variot,président de l'Union de Syndicats des pharmaciens d’officine, l'annonce faite début décembre par Emmanuel Macron a surpris les professionnels de santé et les a obligés à s'organiser rapidement.
Article rédigé par franceinfo
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Des préservatifs sur une table. (ROOS KOOLE / ANP)

"Les arbitrages au niveau ministériel ont été pris tardivement", explique Pierre-Olivier Variot, président de l'Union de Syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), pharmacien à Plombières-lès-Dijon (Côte-d’Or), invité le dimanche 1er janvier sur franceinfo. Depuis ce dimanche 1er janvier, tous les jeunes de moins de 26 ans peuvent désormais obtenir des préservatifs gratuits au comptoir des pharmacies. Une annonce faite début décembre par Emmanuel Macron, qui a surpris les professionnels de santé et les a obligés à s'organiser rapidement.

"L'annonce du président de la République a surpris toute la République", indique Pierre-Olivier Variot. "On a dû faire ça, en urgence et on a pour l'instant trouvé des solutions. Ces solutions ont été arrêtées hier soir, donc c'est vraiment tout récent."

Comment cela va se passer à présent pour les jeunes de moins de 26 ans qui veulent acheter des préservatifs en pharmacie ?


Il faut distinguer les majeurs et les mineurs. Les personnes majeures pourront obtenir des préservatifs en présentant leur carte vitale et la boîte sera facturée à l'assurance maladie avec le numéro de sécurité sociale. Il y a deux options pour les personnes mineures : soit elles demandent une dispensation anonymisée ou non. Dans le cas où elle n'est pas anonyme, ça se passe comme pour les personnes majeures ; dans le cas contraire, la boîte sera dans un premier temps facturée à l'assurance maladie avec un numéro fictif qui ne permettra pas d'identifier le patient et donc que la dispensation n'apparaisse pas sur le relevé des parents.

Dans un deuxième temps, on facturera avec le NIR - numéro de sécurité sociale - du patient, mais par contre, c'est l'assurance maladie qui anonymisera. Ça se fera en deux temps pour avoir une traçabilité. Bien éviemment, le nombre de boîtes de préservatifs sera limité à une boîte par dispensation et par jour. L'annonce du président de la République a surpris toute la République. On a dû faire ça, en urgence et on a pour l'instant trouvé des solutions. Ces solutions ont été arrêtées hier soir, donc c'est vraiment tout récent. Et l'Assurance Maladie va communiquer à tous les pharmaciens mardi 3 janvier.  

C'est donc possible que ça coince un peu dans certaines pharmacies qui ne seront pas encore tout à fait au point ?


Les arbitrages au niveau ministériel ont été pris tardivement. Le dernier mail date de ce matin, et demain ce sera sur le site d'Ameli. Donc je pense qu'on aura demain plus d'informations sur le système, et puis l'information sera envoyée aux pharmaciens mardi dans la journée. Il y aura deux marques prévues, ce sont celles qui sont déjà actuellement prises en charge par l'assurance maladie, mais sur prescription médicale uniquement jusqu'à hier soir. La marge pour les pharmaciens sera très faible, puisqu'en fonction de la boîte, elle ira de quelques dizaines de centimes à un euro pour les plus grosses boîtes. Mais je pense que le but est réellement de protéger, et toute la prévention va dans le bon sens.

Il n'y a pas que les pharmacies qui vendent des préservatifs. Vous ne trouvez pas injuste que les grandes surfaces qui en vendent ne bénéficient pas de la même mesure ?


Je pense que dès lors qu'on parle de remboursement, on parle d'un réseau de professionnels de santé et c'est tout sauf la grande distribution. On parle d'un produit de santé donc on est là pour rationaliser, pour expliquer aux gens et pour dispenser la juste quantité. Il y aura toujours des préservatifs dans les pharmacies qui se vendront sans ordonnance, sans prescription, sans remboursement, parce que certains patients préféreront avoir telle ou telle marque, telle ou telle structure, tel ou tel goût. On l'a bien vu parce que ça fait maintenant un an ou deux, que des préservatifs sont déjà pris en charge par l'assurance maladie sur prescription médicale. On n'a pas vu le marché du préservatif s'effondrer, donc c'est juste une possibilité pour des patients jeunes d'avoir des préservatifs pris en charge, qui ne coûteront rien pour qu'ils puissent se protéger. 

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