Seniors au volant, danger au tournant ?
S'il est indispensable de détecter les conducteurs qui peuvent être dangereux, la barrière des 70 ans ne répond à aucune réalité physiologique. L'âge n'est pas un bon critère. L'important est de savoir, quel que soit son âge, si son état de santé, ses capacités fonctionnelles et intellectuelles permettent de conduire en toute sécurité.
Certaines maladies (par exemple, l'épilepsie, le diabète non équilibrés par les traitements...) et la prise de certains médicaments (anxiolytiques, neuroleptiques responsables d'assoupissement...) amènent à se poser des questions. Le vieillissement, lui-même, peut entraîner une diminution du temps de réaction, ce qui est dangereux en cas d'urgence. Il est souvent accompagné d'une augmentation du nombre de maladies, donc de médicaments, d'une diminution fonctionnelle, de troubles de la vision.
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Mais la majorité des personnes de 70 ans, en dehors de celles atteintes de ces affections, sont à l'heure actuelle en pleine possession de leurs moyens. La mise en place d'un contrôle systématique de l'aptitude à la conduite à partir de 70 ans peut donc paraître arbitraire et discriminatoire. Cette mesure pourrait d'ailleurs pousser certains seniors à arrêter de conduire par crainte de l'examen, perte de confiance en soi inappropriée, alors qu'ils en sont parfaitement capables.
Les seniors sont-ils dangereux au volant ?
Si dans les grandes villes, la qualité des transports en commun permet souvent à tous de se déplacer sans aucun problème, dans les zones rurales ou les petites villes, la voiture fait partie intégrante de l'autonomie dans la vie quotidienne : pour faire ses courses au supermarché, aller chez le médecin, à la poste, au cinéma... Il est donc souvent indispensable d'être "motorisé".
Les personnes âgées causent moins d'accidents que les jeunes conducteurs parfois fougueux et inexpérimentés, mais les médias ont tendance à rapporter avec délectation et condescendance l'histoire d'une personne âgée qui prend à sens inverse une bretelle d'autoroute par exemple. La conclusion sans nuance de ces évènements fâcheux montés en épingle est toujours la même : faut-il interdire la conduite automobile après 60 ans, 70 ans ou 80 ans ?
Les seniors sont responsables de moins d'accidents parce qu'en toute conscience, la plupart d'entre eux s'appliquent une auto-censure. Beaucoup ne conduisent plus la nuit, ils n'effectuent plus que de courtes distances, souvent en ville, se servent souvent de l'auto-train qui transporte gentiment leur voiture vers des destinations plus lointaines.
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Faut-il interdire le volant aux seniors ?
Pourtant, la société et les seniors eux-mêmes envisagent souvent d'interdire "autoritairement" la conduite automobile en fonction du seul critère de l'âge. Les seniors les plus âgés se posent souvent la question : suis-je encore capable de conduire ? Mais à tout âge, chacun devrait se poser la question. Les deux grandes causes d'accident sont l'alcool ou autre drogue et l'assoupissement souvent lié à la prise de médicaments.
Un contrôle systématique à 70 ans n'est pas légitime et ce serait une vraie passoire car on est souvent dangereux avant cet âge. Il pourrait plutôt être remplacé par un certificat établi par le médecin praticien, à fournir tous les dix ans comme dans certains pays européens, voire tous les cinq ans après 80 ans, par exemple, selon des critères très précis.
Comment savoir si on est encore capable de prendre le volant ?
Un examen des capacités intellectuelles est nécessaire mais non suffisant. Il examine la mémoire : reconnaître la signalisation (mémoire sémantique), la mémoire procédurale (mécanisme de la conduite), les fonctions exécutives (analyser la situation et planifier les actions), les temps de réaction, le jugement, les capacités visuo-spatiales (estimer la distance)...
Il est aussi possible de faire estimer sa capacité à conduire. Certains services de gériatrie se sont fait un devoir de traiter cette question. Il existe plusieurs exemples de stages de remise à niveau, qui peuvent être proposés gratuitement par certaines mutuelles. A l'hôpital Broca à Paris, au terme d'un bilan "Fragilité" ou d'un "Examen Gériatrique Standardisé" qui fait le point sur les maladies, les traitements, les capacités cognitives, les capacités fonctionnelles, la vision et l'audition, les personnes qui le désirent peuvent faire un bilan de leur conduite automobile : connaissance des nouveautés du code de la route et conduite "en vrai" avec un moniteur d'auto-école.
Au terme de cette expérience, le médecin et le moniteur donnent leur appréciation : oui, vous pouvez conduire en toute sécurité ou non, il vaut mieux envisager d'autres solutions.
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Que faire quand on est déclaré inapte à la conduite automobile ?
Les personnes qui ont reçu le conseil de ne plus conduire ne sont pas pour autant laissées dans l'embarras et l'isolement. L'hôpital Broca s'est associé au CEREM (Centre de ressources et d'innovation, mobilité handicap) pour proposer une alternative à la voiture. Les seniors peuvent essayer sur place, lors de la consultation, des scooters électriques, des tricycles, les vélos électriques, les draisiennes, qui permettent de retrouver une autonomie en ville et même sur route !
Ne plus conduire (qui est parfois justifié et nécessaire dans certains cas) ne doit pas empêcher les personnes qui le souhaitent de sortir de chez elles. Cela est capital pour garder son autonomie.
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