Épuisement des soignants : les Français ne "s'en foutent pas", assure une psychiatre
La France compte plus de 100 000 décès liés au Covid-19 jeudi 15 avril, plus d'un an après l'arrivée du coronavirus dans l'Hexagone et Outre-Mer. Les soignants épuisés, ont l'impression d'être incompris, que les Français se "foutent" de leur épuisement, "mais je sais que ce n'est pas vrai", assure une psychiatre.
Les soignants ont le sentiment que les Français se "foutent" de leur épuisement, "mais je sais que ce n'est pas vrai", a affirmé jeudi 15 avril sur franceinfo Agnès Oelsner, psychiatre de la clinique Le Gouz à Louhans (Saône-et-Loire), un établissement dédié à la prise en charge psychiatrique des professionnels de santé. Alors que beaucoup de personnels de santé font face à l'épuisement et au découragement après plus d'un an de pandémie, et que la France compte désormais plus de 100 000 morts du Covid-19.
"Pour ceux qui sont en première ligne, ils font tellement d'heures, quand ils rentrent chez eux, il n'y a plus de jus", raconte Agnès Oelsner. Leur famille leur dit : "il n'y a plus que ton travail dans ta vie". La psychiatre témoigne du sentiment des soignants d'être "compris par les autres soignants, mais pas forcément pas le reste de la population".
Des symptômes assez typiques du burn out
Agnès Oelsner,psychiatre
Dans sa clinique, la psychiatre reçoit beaucoup de ces personnels "en première ligne", travaillant en réanimation, aux urgences, dans des Ehpad ou qui interviennent à domicile, avec "beaucoup de choses qui sont centrées autour de l'épuisement". Ces patients vont "tenir, tenir, tenir, parce qu'ils ont une grande responsabilité professionnelle et une grande empathie. Ils vont absorber, absorber, absorber. Et puis un jour, ils n'en peuvent plus. L'idée même de retourner au travail devient impossible". Les soignants font part de leur "tristesse". "Ils en pleurent, ils se culpabilisent si jamais ils sont en arrêt maladie" pour ne pas surcharger leurs collègues.
Agnès Oelsner souligne que, pour les patients qu'elle a en consultation dans sa clinique, "il y a une espèce de culpabilité et d'angoisse à devoir accepter de se faire aider et de changer de posture. Cela prend deux à trois semaines". Pour les médecins, cadres de santé ou infirmiers et infirmières, il est "difficile de dire 'j'ai besoin d'aide', surtout pour de l'aide psy". Et pour renouer le fil avec une vie apaisée, "c'est quand même long", ajoute la psychiatre. "C'est plusieurs mois. Pour ceux qui arrivent à ce stade de l'épuisement professionnel et du burn out, une semaine de vacances ne suffit pas".
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