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Épuisement, isolement, sautes d'humeur... Sept signes qui doivent vous alerter sur le burn out parental

Article rédigé par Marion Bothorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
De nombreux parents sont victimes de burn out parental. Un syndrome qui a encore du mal à être identifié par les médecins. (PHOTO PQR / L'ALSACE / MAXPPP)

D'après une étude menée par l'UCLouvain, 5 à 8 % des parents belges seraient en situation de burn out parental. C'est la première étude sur la prise en charge de cet épuisement, encore trop méconnu.

Les trajets maison-école, les repas à préparer, la bataille du coucher, les lessives et le ménage, les activités périscolaires... La routine d'une vie de famille peut vite se transformer en machine infernale. À tel point que certains parents n'arrivent plus à supporter leurs enfants, épuisés rien qu'à l'idée de passer une journée avec eux.

>> "On l'a attendu pendant neuf mois et quand il est là, on regrette" : comment le burn out parental a bouleversé leur vie

Un phénomène qui porte un nom : le burn out parental. Ce syndrome, qui touche les parents exposés à un stress chronique, sans parvenir à en compenser les effets, a fait l'objet d'une étude menée par la Mutualité chrétienne et l'UCLouvain. Environ 20 % des parents seraient "en difficulté dans leur parentalité" à un moment de leur vie de parents. Franceinfo a listé sept signes qui peuvent précéder un burn out parental et qui doivent vous alerter.

1L'épuisement physique

L'arrivée d'un enfant apporte évidemment de la fatigue, liée aux nuits raccourcies et à la multiplication des tâches. En juin dernier, une étude britannique (en anglais) pour une marque de literie, a relevé que les jeunes parents dorment en moyenne 4h44 par nuit, pendant l'année qui suit l'arrivée de l'enfant. Soit 59 % de temps de sommeil en moins que les 8 heures préconisées par les spécialistes.

Dès 2013, une enquête du réseau de mères actives soulignait que 63 % d'entre elles se disaient "épuisées". Un épuisement qui survient quand les parents ne parviennent plus à se libérer du temps pour récupérer : "Tous les parents vivent des périodes de grande fatigue, comme lorsqu'un enfant tombe malade pendant 15 jours", estime Stéphanie Allenou, maman de quatre enfants qui a raconté son burn out parental dans Mère épuisée.

La différence avec l'épuisement parental, c'est que ça dure des mois ou des années.

Stéphanie Allenou, auteure de "Mère épuisée"

à franceinfo

Quand la fatigue cloue au lit dès le réveil, qu'elle limite l'attention accordée à ses enfants, ce sont les premiers symptômes de l'épuisement parental. Ce vide émotionnel et physique empêche de réfléchir. "Si on se sent très fatigué depuis deux semaines et qu'on commence à être fortement irritable, c'est un signal d'alarme", alerte la docteure Moïra Mikolajczak, professeure et directrice de recherche sur le burn out parental à l'UCLouvain.

2Le désir de vouloir tout contrôler

Les experts interrogés par franceinfo sont unanimes : les parents touchés par l'épuisement parental sont souvent ceux qui se sont faits une haute estime de leur rôle, avant la naissance de leur enfant. En clair, ils veulent être parfaits et se mettent la pression : "C'est ce qui les épuise en fait, pointe la docteure Mikolajczak. Et c'est ce qui est paradoxal : car en voulant être parfaits, ils se retournent contre leurs enfants."

Même au bord de l'épuisement, les mères continuent de s'agiter et de vouloir tout gérer comme des chefs d'entreprise du CAC40 mais un jour, le corps dit 'stop' et elles ne peuvent plus se lever, elles ne peuvent plus rien faire.

Liliane Holstein, psychanalyste

à franceinfo

"Depuis les années 1980-1990, la place de l'enfant a profondément changé, elle est devenue primordiale", estime la docteure Liliane Holstein, psychanalyste et auteure de Burn out parental.

Il est au centre de toutes les préoccupations de la famille : il ne doit manquer de rien pour bien grandir et le parent doit être aimant, disponible, attentif à tous les instants. "Les parents sont dans une course à la perfection pour être aimés par leurs enfants, souligne Liliane Holstein. Ce qui fait qu'il n'y a jamais de détente du matin jusqu'au soir, que les parents sont épuisés."

3Une tendance à l'isolement

Cette volonté de toujours faire mieux peut également entraîner un repli sur soi jusqu'à l'isolement. Les parents en proie à l'épuisement ont l'impression que leurs amis et leur famille font mieux qu'eux. Que leur enfant est le plus difficile, qu'ils sont les plus débordés, les plus en retard... La docteure Moïra Mikolajczak donne l'exemple de l'attente à la sortie de l'école quand les parents s'observent : "On est tous des mini-juges, on se juge les uns les autres en permanence".

Face aux autres parents qui leur semblent parfaits, les parents en burn out ont l'impression de ne plus savoir gérer le quotidien et souffrent de la comparaison, ce qui est un autre facteur de stress. "Quand on arrive à dire qu'on leur donne des fessées, qu'on ne les supporte plus, soit on nous juge, soit on nous dit 'c'est pas grave, toutes les mères passent par là et ça ira mieux ensuite'", raconte Stéphanie Allenou.

Claire, maman à 39 ans d'une petite fille d'un an, a pourtant essayé d'en parler avec ses collègues : "Tous les matins, on arrive à la machine à café avec des cernes, en n'ayant pas dormi de la nuit, tout le monde nous dit 'ça ira mieux', 'c'est normal' et nous taquine, mais non, ça n'a ira pas mieux demain." L'incompréhension que les parents en burn out ressentent les pousse ainsi à ne plus parler de leur mal-être et à s'enfermer.

4Le sentiment de culpabilité

Les parents épuisés ont souvent l'impression de ne plus contrôler leur vie, qui ne ressemble en rien à ce qu'ils avaient imaginé, avant la naissance de leur enfant. Un contraste qui peut donner le sentiment d'être de "mauvais" parents et/ou d'avoir de "mauvais" enfants.

Selon Stéphanie Allenou, désormais à la tête d'une association de soutien à la parentalité, l'Îlôt Familles, et d'un lieu d'accueil parents-enfants à Nantes, c'est "une histoire de reconnaissance qui est le troisième pilier de l'épuisement." Les mères actives qu'elle rencontre lui font part de leur culpabilité permanente : elles culpabilisent devant leurs collègues quand elles quittent le travail trop tôt et font de même quand elles viennent chercher leur enfant trop tard à la crèche. De quoi faire naître une "impression qu'ils n'en font jamais assez", ou jamais assez bien, qui entraîne une dévalorisation personnelle et une perte de confiance en soi.

5Des troubles du sommeil, de l'appétit et du désir

Des heures à tourner dans le lit, à compter les moutons et à regarder les minutes défiler sur le réveil. Pourtant épuisés, les parents à bout parviennent difficilement, voire pas du tout, à trouver le sommeil, le soir venu.

Enfin au lit, ils égrènent dans leur tête la liste des tâches qu'ils vont devoir accomplir dès le réveil et angoissent d'avance. L'accumulation d'autres symptômes peut être un signal d'alarme comme un amaigrissement ou une prise de poids importante et l'éloignement avec le conjoint.

6Un épuisement émotionnel intense

L'épuisement s'accumule face à la répétition quotidienne des mêmes crises : pour se laver, pour manger, pour s'habiller... Pour que la colère n'éclate pas à la moindre bêtise, les parents prennent sur eux et refoulent leurs propres émotions. "J'essaie de faire des activités avec les enfants, qu'ils soient propres et bien habillés, que la maison soit tenue correctement, le frigo rempli..., souffle une mère qui préfère rester anonyme. Mais dans tout ça, je me suis abandonnée."

Cet épuisement émotionnel doit être un signal d'alarme avant le burn out parental. Les parents qui en sont victimes ne sont plus en mesure de réguler leurs émotions. "Ils peuvent dire qu'ils adorent leurs enfants et en même temps, dire juste après, pourquoi je les ai faits ? Si je pouvais les tuer, je le ferais", assure la docteure Liliane Holstein. Ils gèrent les tâches de la vie quotidienne de manière automatique, presque robotisée.

7Une distanciation affective avec les enfants

Les parents contactés décrivent une absence d'émotions qui génère une véritable distance avec leurs enfants. Marie, 27 ans et maman d'un petit garçon d'un an et demi, a vécu cette situation au moins d'août. "J'ai expliqué à mon médecin que je ne supportais plus mon fils, que j'avais envie de le taper. Des fois, je le regardais et je n'avais pas envie de le prendre dans mes bras. Je le regrette, c'est quelque chose d'horrible."

Selon la docteure Mikolajczak, cette distanciation affective, synonyme de burn out parental, multiplie par vingt le risque de violenter ses enfants : "Dès qu'on a une parole ou un geste qui tranche totalement avec ce qu'on fait habituellement, c'est un signe qu'il faut aller consulter : si je suis une personne attentive et que d'un coup, je dis à mon enfant : 'ma vie était tellement plus belle quand tu n'étais pas là', je dois absolument aller consulter." C'est l'accumulation de ces symptômes au quotidien qui doit vous alerter.

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