Hausse des complémentaires santé : "L'ensemble des nouvelles dépenses, c'est une facture assez colossale à répartir sur l'ensemble des adhérents", prévient le président de la Mutualité française
La hausse des prix n'épargne par les complémentaires santé. Le comparateur d'assurances Meilleurtaux.com publie mardi 26 septembre son étude annuelle. Ce sont les plus de 60 ans qui voient le montant de leur contrat augmenter le plus cette année : +4,9 % de hausse en moyenne. Et l'année prochaine, avec les dépenses nouvelles prises en charge par les complémentaires santé, une "facture assez colossale" devra être répartie "sur l'ensemble des adhérents des complémentaires santé", prévient sur franceinfo le président de la Fédération nationale de la Mutualité française, Eric Chenut.
franceinfo : La réforme 100 % santé était censée garantir un meilleur accès aux soins. Son financement a t-il été mal anticipé ?
Eric Chenut : Dès le début, nous avons a été favorables à cette réforme parce qu'elle permet d'éviter du renoncement aux soins. On l'a vu notamment en dentaire, certaines personnes différaient ou ne faisaient pas la totalité des soins dont ils avaient besoin. Donc c'est une réforme utile. Par contre, elle a un vrai coût et ce coût a été sous-évalué au démarrage. On le voit aujourd'hui, il y a une dynamique extrêmement forte sur le dentaire, sur l'audiologie mais également en optique. Or, en optique, on aurait dû générer des économies qui ne sont pas au rendez-vous.
"Cette réforme du 100 % santé, c'est plus d'1,5 milliard de dépenses supplémentaires pour les complémentaires, sachant que ce sont les complémentaires qui payent à 77 % cette réforme."
Eric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité françaisesur franceinfo
Cela signifie de nouvelles hausses ?
En 2024, il y a 1,3 milliard de dépenses nouvelles pour les complémentaires santé. Des dépenses qui nous semblent inopportunes : l'évolution du ticket modérateur sur le dentaire de 30 à 40 %, tout ce que nous allons devoir financer sans création de valeur pour les assurés sociaux. On est évidemment prêt à prendre toute notre part dans le virage préventif que nous avons fait en signant la convention dentaire (...). On est prêt évidemment à prendre toute notre part dans les revalorisations des professions médicales/paramédicales pour accompagner l'adaptation du système de santé, pour garantir l'attractivité des métiers du soin. Mais l'ensemble de ces dépenses, c'est une facture assez colossale qu'il va falloir répartir sur l'ensemble des adhérents des complémentaires santé. Nous les mutuelles, nous n'avons pas d'actionnaires à rémunérer, nous sommes des organismes à but non-lucratif et il faut simplement qu'on soit à l'équilibre technique à la fin de l'année. On ne peut pas générer des déficits reportés d'année en année. Nous n'en avons réglementairement pas le droit.
Le risque est-il de voir les adhérents changer d'assureur ou réviser les garanties à la baisse ?
Oui, c'est pour cela que nous pensons qu'il faut vraiment se mettre autour de la table et que l'on se demande comment demain on finance de manière durable nos protections sociales, que ce soit en santé ou en prévoyance.
"On voit une dynamique de santé extrêmement élevée depuis le Covid. Les dépenses de santé, à la ville comme à l'hôpital, sont en très nette augmentation, beaucoup plus importantes que les projections que l'on avait pu faire sur le premier semestre 2023. Donc ça, il va falloir aussi répercuter."
Eric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité Françaisesur franceinfo
Mais également en prévoyance sur l'incapacité, l'invalidité et le décès. On a aussi une nette progression. Tous ces éléments là sont corrélés à l'état de santé général de la population, à l'avancée en âge de notre population. Donc, il faut vraiment qu'on l'anticipe mieux, qu'on travaille sur les gains d'efficience et qu'on détermine collectivement quelle part de notre richesse, de nos ressources, on souhaite individuellement et collectivement consacrer pour se soigner les uns les autres. C'est un vrai choix de société et si on veut conserver une protection sociale solidaire, c'est vraiment impératif de le faire.
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