Isolement des personnes âgées : "L'enfer ce n'est pas les autres, l'enfer c'est la solitude"
Selon l'association Les Petits Frères des pauvres, deux millions de personnes âgées souffrent d'isolement en France, dont plus d'un demi million en situation de "mort sociale". Pour rompre avec cette solitude, l'association dispose de lieux d'accueil pour les seniors. Reportage dans l'un d'eux, dans le 13e arrondissement de Paris.
Selon le baromètre de l'association Les Petits Frères des Pauvres, 530 000 personnes âgées sont en situation de "mort sociale". Ces personnes, qui n'en voient quasiment jamais d'autres, se sont encore davantage isolées pendant la pandémie de Covid-19, puisque ce nombre a augmenté de 77% en quatre ans.
Pour lutter contre cette solitude, l'association dispose de lieux d'accueil pour les seniors. Sur une grande avenue du 13e arrondissement de Paris, le T-Kawa accueille tous les jours des personnes âgées. Yvette, 70 ans, vit toute seule chez elle dans ce quartier.
"La solitude c'est assez dur, la télé, tout ça, ras-le-bol. Il n'y a plus personne qui vous parle, il n'y a plus rien."
Yvette, 70 ansà franceinfo
Alors quand ele vient au T-Kawa, elle "revit" dit-elle. "Je fais du karaoké, je danse un peu, même si je suis handicapée. J'ai retrouvé une jeunesse, je parle beaucoup avec les gens, les gens sont très gentils, on fait connaissance", poursuit la septuagénaire.
La crise sanitaire, un facteur aggravant d'isolement
Ces moments de partage sont précieux pour les participants, surtout après un an et demi de pandémie marquée par les confinements et un isolement renforcé. Dominique, 70 ans, en a besoin pour continuer à vivre. "Contrairement à ce qu'a dit un homme célèbre, l'enfer ce n'est pas les autres. L'enfer c'est la solitude. Parce qu'à partir d'un certain âge, si on n'a pas de rencontres, si on n'a pas de sourires, si on n'a pas de répondant, c'est le vide. On ne pense qu'à quoi à partir d'un certain âge ? A notre futur. Et notre futur, il est certain, c'est la mort."
Atelier cuisine, peinture, chant ou encore broderie : le T-Kawa regorge d'activités pour combler le besoin des bénéficiaires. Loubna participe à la vie du café en tant que bénévole, "principalement pour lutter contre cette mort sociale". "Avec cette crise sanitaire, c'est encore pire qu'avant", constate-t-elle. Les personnes âgées qui viennent à T-Kawa "se sont habituées à ce lieu (...) Elles ont un besoin qui est vraiment omniprésent, et elles y trouvent leur compte", explique Loubna.
La solitude, c'est l'affaire de tous, rappelle l'association Les Petits Frères des pauvres, et c'est un enjeu grandissant dans la société, prévient Yann Lasnier, directeur général de l'association : "Nous sommes également face à une transition démographique d'ampleur. Les générations nées après-guerre et jusqu'au début des années 1960 commencent à arriver dans l'âge aujourd'hui, d'où la nécessité de pouvoir générer de véritables mobilisations citoyennes et aussi des politiques publiques." Le Covid-19 a particulièrement éloigné les seniors de l'entourage familial. Le nombre de personnes âgées isolées de leur famille a plus que doublé en quatre ans.
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