Fessée : pourquoi faut-il l'interdire ?
Faut-il oui ou non interdire la fessée ? La question revient régulièrement dans le débat public. Elle pourrait bientôt être tranchée. La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est en effet prononcée en faveur du projet de loi proposé par 29 députés le 22 février dernier. Il vise à interdire les "violences éducatives ordinaires". Au même titre que la fessée, tirer les cheveux de son enfant, le gifler, ou le secouer, ne sont pas punis par la loi. Ces châtiments corporels nuisent pourtant au développement de l'enfant. Le Dr Catherine Gueguen, pédiatre, répond à nos questions.
- "Une tape sur les fesses... pour beaucoup de personnes, cela semble anodin. Or, ça ne l'est pas. Pourquoi ?
Dr Catherine Gueguen, pédiatre : "Depuis la nuit des temps, tous les adultes en charge d’enfants ont eu cette attitude, on ne peut pas leur en vouloir. Ils croyaient bien faire. Mais nous sommes au XXIe siècle, et des chercheurs du monde entier qui travaillent avec des enfants ont publié à ce sujet. Leurs études montrent que les violences aussi bien verbales et que physiques ont des effets sur le cerveau des enfants."
- Quels sont les dégâts de ces violences ordinaires sur la santé de l'enfant ?
Dr Catherine Gueguen : "Le cerveau de l’enfant est extrêmement fragile et immature. Tout ce qui le stresse - et la violence est un stress - va abîmer son cerveau. Beaucoup de chercheurs, partout dans le monde, ont montré que la violence abîme des parties essentielles de notre cerveau. L’hippocampe, par exemple, qui permet de mémoriser et d’apprendre ; le cortex préfrontal qui permet de penser, de réfléchir, de planifier, de résoudre les problèmes et d’avoir de l’empathie ; le cortex orbitofrontal qui permet de réguler nos émotions, de faire des choix et d’avoir un sens éthique et moral. Une chercheuse hollandaise a montré récemment que les violences verbales abîmaient cette structure qui nous permet d’être pleinement humains. Ce cortex préfrontal nous différencie des grands singes. Voulons-nous être des grands singes ?"
- Ne faudrait-il pas également aider les parents de façon à ce qu'ils élèvent leurs enfants autrement ?
Dr Catherine Gueguen : "Avant 5-6 ans, le cerveau est très immature et l’enfant ne sait pas gérer ses impulsions et ses émotions. Les adultes se sont dit : "c’est un petit animal à dresser, il faut le brimer, le punir". Mais c’est totalement contre-productif. Il faut bien sûr soutenir, aider tous les adultes en charge d’enfants car éduquer un enfant est extrêmement difficile. Des ateliers de parents existent. Il faut les développer."
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