Covid-19 : ce que l'on sait des vaccinodromes qui ouvrent en France
Une quarantaine de "mégacentres" de vaccination vont être créés sur le territoire dans le courant du mois d'avril. Chacun doit permettre de pratiquer 1 000 à 2 000 injections quotidiennes. L'un d'eux sera installé au Stade de France, en Seine-Saint-Denis, l'un des départements les plus touchés par l'épidémie.
Changement de cap. Dans un premier temps, l'exécutif s'était refusé à installer des vaccinodromes comme l'avait fait l'Allemagne. Désormais, pour passer à la vitesse supérieure, il compte mettre en place 38 "mégacentres" de vaccination d'ici avril. Si la liste détaillée n'a pas été dévoilée, l'un d'eux ouvre ses portes mardi 6 avril, au Stade de France. Que sait-on de ces vaccinodromes à la sauce tricolore, nouvelle arme brandie par le gouvernement pour lutter contre le Covid-19 ?
Ils devront pratiquer 1 000 à 2 000 injections chaque jour
On sait d'abord à quoi doivent servir ces centres : à écouler les doses qui devraient enfin être livrées plus largement en avril. Notamment celles du vaccin américain Pfizer, "qui sera utilisé dans ces mégacentres", selon l'exécutif. "Juste sur ce vaccin-là, nous aurons une multiplication par plus de deux des livraisons entre fin mars et début avril, pour avoir quasiment 2 millions de doses hebdomadaires." Pour que ces doses se transforment au plus vite en injections dans les bras (et en montée du taux de vaccination), ces centres devront pratiquer "de 1 000 à 2 000 injections quotidiennes". A terme, le ministère de la Santé a fixé une cible d'"un à deux mégacentres par département", soit "100 à 200" sur tout le territoire, dont les 35 déployés dans les prochains jours.
"L'objectif est d'injecter un million de doses par semaine à travers ces mégacentres en avril."
La "task force vaccin" du gouvernementà la presse
Des chiffres à comparer à la capacité moyenne des centres existants, qui n'effectuent en moyenne que 500 injections par semaine.
Les pompiers chargés de les installer
Les pompiers vont participer largement à l'installation de ces 38 premiers mégacentres. Selon le ministère de l'Intérieur, il leur appartiendra en effet, "avec notamment le concours des associations agréées de sécurité civile", de les déployer. Invité de BFMTV, Gérald Darmanin a ainsi précisé que "25 000 sapeurs-pompiers" allaient être formés pour réaliser ces vaccinations. En outre, a-t-il poursuivi, "une centaine" de véhicules destinés à la "vaccination mobile" seront mobilisés dans les territoires ruraux.
Mais ce sera aux "différents territoires, avec les autorités régionales de santé et les préfets, de décider des emplacements et de prévoir un plan territorial de montée en charge de la vaccination", selon la "task force vaccin". Autrement dit, les 38 mégacentres, s'ils "servent de base", n'excluent pas la création d'autres centres importants de vaccination.
Le Stade de France transformé en vaccinodrome géant
Certes, des gymnases avaient déjà été réquisitionnés comme centres de vaccination. Mais, pour changer d'échelle, d'énormes stades vont désormais être utilisés. Après le stade Vélodrome de Marseille, où l'on pique déjà à tour de bras, la vaccination va se déployer dans l'immense Stade de France à Saint-Denis, au cœur d'un des départements les plus touchés par l'épidémie, et ce, dès mardi 6 avril. "Je ne suis pas fan des métaphores guerrières, mais c'est sur le champ de bataille qu'il faut mettre toutes les armes que l'on a à notre disposition", a déclaré, le 20 mars sur franceinfo, le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, qui vise les "2 000 personnes vaccinées par jour", après une "période de rodage probable de trois à quatre jours".
"Le Stade de France, c'est le patrimoine commun de tous les Français. Utiliser cet endroit qui a connu à la fois toutes les joies, avec les victoires sportives, et toutes les peines, avec les attentats, pour faire retrouver de l'espoir aux Français, c'est un très beau message."
Mathieu Hanotin, maire (PS) de Saint-Denissur franceinfo
De façon plus pratique, "l'idée, c'est qu'on puisse fonctionner au moins six jours sur sept, et sept jours sur sept si on a assez de doses, selon Mathieu Hanotin. Si on a les doses, on étendra les horaires, y compris en soirée." Il devrait ainsi être opérationnel de 9 heures à 20 heures. Pour faire fonctionner ce centre, la ville de Saint-Denis "va recruter 60 personnes [notamment des étudiants pour la logistique] et le département de Seine-Saint-Denis va en recruter 100", toujours selon le maire. Des pompiers seront aussi mobilisés. Selon les prévisions, 10 000 personnes pourront être vaccinées dès la première semaine.
Le Stade de France n'est pas le premier stade à accueillir un centre de vaccination contre le Covid-19. C'est déjà le cas du stade Vélodrome, à Marseille, depuis le lundi 15 mars.
Des "vaccidrives" également envisagés
D'autres projets sont sur la table. Le maire de Valenciennes, Laurent Degallaix, a ainsi proposé sur franceinfo des "vaccidrives", à l'image des drives de la grande distribution.
"Les gens pourront faire leur visite médicale de chez eux, ils recevront un QR code et ensuite ils viendront avec leur voiture pour se faire vacciner."
Laurent Degallais, maire (Mouvement radical) de Valenciennesà franceinfo
L'élu a ensuite expliqué que sur ces vaccidrives, on mettrait les patients "sur un parking avec un écran géant où on leur présente un film sur le centre hospitalier, la ville de Valenciennes pendant les 15 minutes nécessaires après la vaccination et ensuite ils peuvent repartir". Une proposition accueillie avec prudence par la "task force vaccin" : "On ne l'exclut pas du tout, on n'y est pas opposés, mais pour l'instant, les mégacentres sont la solution qui permet de maximiser au mieux l'organisation."
L'armée va également être mobilisée. Samedi 3 avril, la ministre Florence Parly a annoncé que sept hôpitaux militaires allaient ouvrir des centres de vaccination permanents dès le 6 avril. Deux de ces hôpitaux militaires sont situés en Ile-de-France (Bégin à Saint-Mandé, et Percy à Clamart), deux en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Laveran à Marseille et Sainte-Anne à Toulon), un en Bretagne (Clermont-Tonnerre à Brest), un dans le Grand-Est (Legouest à Metz) et un en Nouvelle-Aquitaine (Robert-Picqué à Bordeaux).
Dans chacun d'eux, "l'acte de vaccination sera assuré par le personnel du service de santé des Armées, peut-on lire aussi dans le communiqué. La chaîne logistique sera intégralement assurée par des militaires spécialisés." Ils devraient "à terme" être en mesure d'administrer "jusqu'à 50 000 doses par semaine."
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