Vidéo Dans son livre “Pilules roses”, Juliette Ferry-Danini enquête sur le Spasfon

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min - vidéo : 6min
“J'ai été une adolescente, en France, où on m'a prescrit du Spasfon, pour tout et n'importe quoi”. Philosophe de la médecine, Juliette Ferry-Danini a mené l’enquête sur le Spasfon, ce médicament anti-mal de ventre lié aux règles massivement prescrit en France.
VIDEO. Dans son livre “Pilules roses”, Juliette Ferry-Danini enquête sur le Spasfon “J'ai été une adolescente, en France, où on m'a prescrit du Spasfon, pour tout et n'importe quoi”. Philosophe de la médecine, Juliette Ferry-Danini a mené l’enquête sur le Spasfon, ce médicament anti-mal de ventre lié aux règles massivement prescrit en France. (Brut.)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions
“J'ai été une adolescente, en France, où on m'a prescrit du Spasfon, pour tout et n'importe quoi”. Philosophe de la médecine, Juliette Ferry-Danini a mené l’enquête sur le Spasfon, ce médicament anti-mal de ventre lié aux règles massivement prescrit en France.

Règles douloureuses, cystite… Lorsqu’elle était adolescente en France, Juliette Ferry-Danini s’est vu prescrire du Spasfon pour de multiples maux. Sceptique sur son efficacité réelle, elle mène aujourd’hui l’enquête dans son livre Pilules roses. “Pourquoi il y a ce succès de prescriptions et de ventes en pharmacie ? Et pourquoi on a si peu de données scientifiques ? Tout l'enjeu de mon livre, ça a été d'expliquer cette situation”, déclare la philosophe de la médecine et enseignante-chercheuse à l’université de Namur.

D’après ses recherches, le Spasfon est né en France en 1961 avant d’être commercialisé trois ans plus tard. “C'est un succès immédiat. Ça fera la richesse du laboratoire Lafon”, commente l’autrice. En 2021, “25,3 millions boîtes de phloroglucinol, donc pas juste le Spasfon mais tous ses génériques”, ont été prescrites en France et “72% des prescriptions de phloroglucinol concernent des femmes".

“Le Spasfon est né dans une sorte d'ignorance”

Elle ajoute que très peu d’essais cliniques ont précédé sa commercialisation : “Dans [le premier] essai, qui n'est pas un essai clinique, ils rapportent en fait 14 cas cliniques, 14 malades, 10 femmes, 4 hommes.” Pour elle, “cela est très révélateur du fait que le Spasfon est né dans une sorte d'ignorance, à la fois des règles éthiques et des règles scientifiques”.

Cela pose “plusieurs problèmes” puisque c’est un médicament “massivement” prescrit en France. Premièrement, les patients ne bénéficient pas du traitement médical le mieux adapté à leurs maux. Deuxièmement, “cette situation de surprescription d'un médicament qui n'a pas fait ses preuves au niveau scientifique nous maintient, nous, patientes, dans une situation où, potentiellement, on ne comprend plus ce qu'est la médecine”. Dans son ouvrage, la philosophe a souhaité “étudier le Spasfon comme un espace d'ignorance”. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.