Après Bayonne, nouvelle guerre de tranchées UMP-PS
A moins de deux mois de la présidentielle, le président candidat a été accueilli par des huées d'opposants, jeudi au Pays basque. La majorité accuse les socialistes de les avoir orchestrées. Le PS ne lâche rien.
Nicolas Sarkozy est en visite à Bayonne jeudi 1er mars. Des manifestants le conspuent. Ce n'est pas la première fois. Les CRS doivent intervenir. Et voilà le président candidat qui s'en prend violemment aux socialistes. Il parle d'"épuration". Le ton monte sérieusement entre les deux formations politique vendredi.
Les accusations de la droite
• "Epuration" "Hollande a annoncé l'épuration, forcément, ça échauffe les esprits des gens de la base", lâche Nicolas Sarkozy dans un bar du centre-ville de Bayonne. Il fait référence à des déclarations du candidat socialiste. Le 19 février, celui-ci a accusé Nicolas Sarkozy d'avoir mis en place "un Etat UMP", "un système" dans la police et la justice, avertissant que les hauts fonctionnaires qui "sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d'autres" s'il accède à l'Elysée.
• "Des militants socialistes s'associent à des indépendantistes" Seconde accusation du président : "Je suis désolé de voir que des militants socialistes de M. Hollande s'associent à des indépendantistes dans des manifestations de violence pour terroriser les braves gens qui n'avaient qu'une seule envie : venir me rencontrer et parler avec moi." Il fustige des "comportements indignes d'un parti politique démocratique".
Dans un tir groupé, des responsables de l'UMP dénoncent la "collusion", voire "l'alliance" entre indépendantistes basques et militants politiques. "Que des militants d'un parti démocratique s'associent à des militants indépendantistes pour perturber la campagne d'un candidat est choquant, consternant et dangereux", abonde ainsi Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale.
• "Le PS a orchestré les manifestations" Plus grave, la porte-parole de campagne du président candidat, Nathalie Kosciusko-Morizet, accuse le Parti socialiste d'avoir orchestré des "manifestations de rue". Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, dénonce des "violences inadmissibles" et attend que François Hollande "condamne avec la plus grande fermeté" ces "agissements inacceptables de ses partisans".
C'est "le résultat de cinq années de discours de haine à l'égard du président Nicolas Sarkozy", estime Geoffroy Didier, secrétaire national de l'UMP.
La réponse de la gauche
• "Ne jamais céder à la polémique inutile" Dans un premier temps, jeudi, les socialistes restent plutôt modérés. "Nous devrons être à la hauteur du rendez-vous de l'élection. Ne jamais céder à la polémique inutile, à la violence verbale, encore moins à la violence physique", répond François Hollande lors d'un meeting à Lyon, ajoutant : "Le seul droit que nous avons (...) est le droit de manifester, et aussi le devoir d'utiliser le bulletin de vote."
"Les incidents sont regrettables, mais le président de la République surjoue l'indignation. Franchement, l'incident est clos", minimise le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis (PS) sur LCI vendredi. "M. Sarkozy perd ses nerfs. Il sent que sa campagne ne prend pas", renchérit Elisabeth Guigou, députée socialiste de Seine-Saint-Denis, sur Radio Classique-Public Sénat.
• Le PS ne "cautionne aucun incident" Delphine Batho, l'une des porte-paroles de François Hollande, affirme à Lyon que le PS "ne cautionne aucun incident" et demande que l'équipe de Nicolas Sarkozy "ne cherche pas à cacher son désarroi en manipulant la réalité". Le directeur de la communication de François Hollande, Manuel Valls, assure sur BFMTV qu'"aucun militant socialiste" n'est impliqué.
Interrogé sur la présence de militants socialistes, Jean-François Cambadélis répond : "Je n'en sais rien, il y avait des gens qui tenaient le programme de François Hollande. De là à dire que c'était des militants socialistes, il y a un pas que franchit allègrement le président de la République. Il veut faire un amalgame. Il est un peu en difficulté, donc il s'accroche à toutes les occasions de rebondir."
• "Culture de l'outrance" Vendredi, François Hollande durcit le ton. Il a beau dire refuser la polémique, il estime, en marge d'une visite dans le 20e arrondissement, que le terme d'"épuration" choisi par Nicolas Sarkozy "témoigne d'une culture de l'excès, de l'outrance, de la surenchère, de l'escalade à laquelle moi je ne participerai pas". "Le mot est tout sauf approprié et renvoie à des périodes de l'histoire qui n'ont aucune signification par rapport à ce qu'ont été mes propos."
Dans un éditorial, le quotidien de gauche Libération relève que "l'épuration, c'est environ 9 000 morts. Les mots ont un sens, et la référence à l'après-guerre faite hier par le président de la République laisse pantois."
La droite enfonce le clou
L'UMP ne veut pas lâcher le morceau. Vendredi, le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert, écrit à Pierre Moscovici, son alter ego chez François Hollande, pour se plaindre des "injures" qui ont visé le président. Et demande d'empêcher toute "pratique antidémocratique".
"Nicolas Sarkozy a été violemment pris à partie par ces manifestants dont un grand nombre brandissaient des tracts de François Hollande et qui n'ont pas hésité à l'insulter et à lancer dans sa direction divers projectiles, écrit-t-il. Je forme le vœu que vous puissiez veiller à l'avenir à ce que les élus et les militants du Parti socialiste ne reçoivent plus consigne, comme c'était le cas à Bayonne, de prendre part à ce genre de pratique antidémocratique visant à entraver par la force la campagne électorale de Nicolas Sarkozy."
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