La Terre est-elle vraiment menacée par des astéroïdes ?
La Nasa estime que leur traque et l'élaboration de stratégies pour s'en protéger sont insuffisantes.
La fin du monde sera-t-elle provoquée par une collision entre la Terre et un astéroïde ? Pour la Nasa, la surveillance de ces corps célestes est une question sérieuse. Dans un rapport (PDF en anglais) publié lundi 15 septembre, l'agence spatiale américaine estime d'ailleurs que leur traque et l'élaboration de stratégies pour s'en protéger ne sont pas à la hauteur de la menace.
L'inspecteur général de la Nasa cite notamment le cas de la météorite de 18 mètres de diamètre qui a explosé, en février 2013, à 23 000 mètres au-dessus de Tcheliabinsk, en Russie. Selon lui, personne ne l'avait vue venir. Elle s'est désintégrée en libérant une puissance équivalente à 30 bombes atomiques, et les conséquences de son souffle ont blessé près d'un millier de personnes.
La Terre est-elle vraiment menacée par des astéroïdes ? Eléments de réponse.
Oui, il y en a beaucoup
Les astéroïdes sont des vestiges de la formation de notre système solaire, et nombre d'entre eux circulent encore dans les environs de la Terre. D'après la Nasa, il y a au total 110 000 astéroïdes de 140 mètres de diamètre ou plus qui présentent un risque pour notre planète. Depuis 1998, seuls 10% d'entre eux ont été recensés. Mais l'agence américaine a déjà détecté 95% des plus gros, ceux qui mesurent au moins un kilomètre de diamètre.
Oui, certains frôlent la Terre
En février 2013, l'astéroïde 2012 DA14, d'un diamètre d'environ 45 mètres, est passé à "seulement" 27 680 km de notre planète. Cela vous paraît peut-être loin, mais cette distance est inférieure à celle qui sépare la Terre de nos satellites de télévision, qui tournent à 35 580 km au-dessus de nos têtes. Si DA14 avait touché la Terre, il aurait pu anéantir une grande agglomération. "En moyenne, un astéroïde de cette taille s'approche aussi près de la Terre tous les 40 ans, et risque d'entrer en collision avec notre planète tous les 1 200 ans", a précisé Donald Yeomans, directeur du Near Earth Object Program (NEO), le bureau de la Nasa chargé de répertorier les astéroïdes qui présentent un danger potentiel pour la Terre.
Des passages à proximité de la planète bleue surviennent plusieurs fois par an, indique d'ailleurs un chercheur dans cette vidéo de Libération.
Plus récemment, l'astéroïde 2014 RC, surnommé Pitbull, est passé à 40 000 kilomètres de la Terre, dans la nuit du 6 au 7 septembre. Ce qui est inquiétant, c'est que cet objet d'environ 20 mètres de diamètre n'a été découvert que le 31 août. "Nous connaissons les astéroïdes massifs, mais les plus petits, de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres, nous ne les connaissons pas alors qu'il y en a des millions, explique à francetv info Antonella Barucci, astrophysicienne à l'Observatoire de Paris, et spécialiste des astéroïdes. Il y a également des objets que nous découvrons tardivement parce qu'ils arrivent derrière le Soleil."
Oui, d'autres la touchent
L'exemple le plus connu est vieux de 66 millions d'années. Une météorite (née de la désintégration d'un astéroïde) d'un diamètre estimé à 9,6 km a frappé notre planète. La collision a bouleversé le climat terrestre. A long terme, elle a causé l'extinction des dinosaures qui peuplaient alors la Terre, selon différentes thèses.
Ce type d'événement est toujours d'actualité, à une moindre échelle. "On estime que chaque année, 100 000 à 200 000 tonnes de météorites tombent sur la Terre, donc il en pleut tous les jours ! Mais 90% de ces météorites, dont les étoiles filantes, sont des fragments très petits, parfois de quelques millimètres seulement", a expliqué à francetv info Bernard Melguen, auteur des Météorites, messagères de l'espace, en 2013.
En moyenne, un objet de la taille d'une voiture entre dans l'atmosphère chaque année. La BBC (en anglais) notait, en 2012, que l'intrusion se traduisait généralement par l'apparition d'une boule de feu dans le ciel, comme cela a été observé en Russie, en février 2013.
Un objet de la taille d'un terrain de football tombe en moyenne tous les 2 000 ans, ajoute le site britannique. Plus rare encore, un rocher de plusieurs kilomètres de diamètre s'approche de notre planète une fois par période de quelques millions d'années.
Non, la Terre est protégée par son atmosphère
Le 11 septembre 2013, un astronome espagnol observe en direct un astéroïde s'écraser sur la Lune. Cet enseignant à l'université de Huelva constate un flash, puis une lueur d'environ 8 secondes à la surface de notre satellite naturel. En cause : un astéroïde de la taille d'un réfrigérateur. L'objet céleste, d'environ 400 kg pour un diamètre compris entre 60 cm et 1,40 m, vient de heurter la Lune à plus de 60 000 km/h. Un cratère de 40 mètres de diamètre s'est formé.
Sur Terre, cela ne passe pas de la même façon. Notre planète est protégée par son atmosphère. Ainsi, les astéroïdes d'un gabarit proche de celui-ci se consument entièrement avant d'avoir atteint la surface. Seule une infime partie de la météorite qui a illuminé le ciel de l'Oural en février 2013 est parvenue jusqu'à la surface de notre planète. Reste que l'atmosphère ne protège pas des corps célestes les plus imposants : "Jusqu'à 10 mètres de diamètre, les objets sont généralement désintégrés lors de leur passage dans l'atmosphère. Au-delà, il reste des débris", indique à francetv info Antonella Barucci.
Oui, impossible de les détourner pour l'instant
Si la Nasa se plaint des efforts insuffisants des Etats en terme de développement de stratégies de protection, les chercheurs fourmillent d'idées. Explosion, guidage à distance, rayon laser, les solutions avancées ne manquent pas.
De son côté, l'Agence spatiale européenne a lancé le programme NEOShield, mené par Astrium à Toulouse. Il s'agit d'envoyer une sonde observer un astéroïde à des millions de kilomètres, puis d'envoyer un "impacteur à une vitesse au-delà de 10 000 km/h pour taper précisément, à quelques mètres près, l'endroit où l'on aura le maximum d'efficacité pour dévier cet astéroïde de sa trajectoire initiale", a expliqué à BFMTV un responsable du projet.
Des scénarios encourageants au vu des performances de la mission Rosetta. En effet, après un voyage de dix ans, la sonde a réussi à se mettre en orbite autour d'une comète. Et elle est sur le point d'envoyer un robot-laboratoire se poser à sa surface.
Malheureusement, les techniques sont loin d'être au point, tempère Antonella Barucci, également coordinatrice du programme NEOShield en France. "Nous essayons d'être scientifiques, de ne pas créer de panique. Mais l'Europe n'est pas assez dynamique, et je ne pense pas non plus que la Nasa soit prête", dit-elle. Autrement dit, c'est le scénario catastrophe. Interrogée sur les manœuvres possibles si nous découvrons qu'un astéroïde massif s'apprête à frapper la Terre dans les années à venir, la spécialiste indique que les chercheurs n'auront pas le temps d'agir. "Nous ne pourrons rien faire. Il faut cinq à dix ans à l'Agence spatiale européenne pour développer une mission, sans compter les 2 à 3 ans que la sonde et l'impacteur mettront pour atteindre l'astéroïde."
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