: Tribune Débris spatiaux : "Il est temps de protéger l'environnement orbital terrestre", alertent une quarantaine de parlementaires français et étrangers
L'augmentation du nombre d'activités conduites dans l'espace extra-atmosphérique pourrait le rendre, dans le pire des cas, "inaccessible pour l'humanité", s'alarment ces élus de tous bords et de 15 pays.
A l'initiative du sénateur français André Gattolin, une quarantaine de parlementaires français et étrangers signent une tribune pour alerter sur la pollution orbitale causée par les débris spatiaux. Une problématique discutée mi-novembre lors du Forum de Paris sur la paix, et qui a fait irruption dans l'actualité après la destruction d'un de ses satellites par la Russie, le 15 novembre, à l'aide d'un tir de missile. L'augmentation du nombre d'activités conduites dans l'espace extra-atmosphérique pourrait le rendre, dans le pire des cas, "inaccessible pour l'humanité", s'alarment ces élus de tous bords, issus de 15 pays différents. Ils s'expriment ici librement.
Le 12 novembre 2021, à l'occasion de la quatrième édition du Forum de Paris sur la paix, des acteurs du monde entier, concernés par la détérioration rapide de l'environnement orbital terrestre, ont lancé l'initiative "Net Zero Space", qui appelle à garantir une utilisation durable de l'espace extra-atmosphérique d'ici 2030 en adoptant d'urgence des mesures visant à réduire le nombre de débris spatiaux.
Nous nous félicitons de cette initiative multi-acteurs et nous soutenons son ambition de rassembler à la fois les parties prenantes du secteur spatial et toutes les forces politiques, ceci dans le but de protéger une durabilité à long terme de l'espace extra-atmosphérique.
Etant donné que le marché spatial est destiné à générer plus de 1 000 milliards de dollars d'ici 2040 (selon la banque Morgan Stanley), ou même d'ici 2030 (selon Bank of America), nous ne devons pas oublier les conséquences coûteuses qu'auraient un développement économique qui ne serait pas durable et une pollution non maîtrisée. Au-delà des capacités stratégiques, des technologies du quotidien comme les télécommunications, le guidage par satellite, mais aussi les transactions financières, ou encore les capacités du cloud, dépendent des infrastructures spatiales et sont de plus en plus menacées par la hausse du nombre de débris spatiaux. Le développement de technologies futures ayant d'importants bénéfices sociaux mais dépendantes de la viabilité de l'espace extra-atmosphérique, à l'instar de la production d'énergie solaire en orbite, serait aussi fortement ralenti, voire empêché, en raison d'une pollution excessive de l'environnement orbital.
Chacun d'entre nous, sur Terre, est un utilisateur des technologies spatiales
L'augmentation du nombre d'activités conduites dans l'espace extra-atmosphérique rend la problématique de réduction du nombre de débris spatiaux encore plus pressante. Il y a environ 29 600 objets en orbite sous surveillance, et bien davantage encore que personne sur Terre ne peut surveiller. Si les orbites terrestres devenaient moins praticables, la hausse des coûts du lancement et de l'exploitation des technologies spatiales aurait, dans le meilleur des cas, un important effet d'éviction tant au niveau international que parmi les différents acteurs à l'échelle nationale. Dans le pire des cas, cela rendrait tout simplement l'espace extra-atmosphérique inaccessible pour l'humanité.
La protection de l'environnement orbital terrestre est un élément essentiel pour le développement durable du marché spatial, pour la protection des infrastructures spatiales existantes et à venir, mais aussi pour l'égal accès de tous les acteurs à travers le monde aux bénéfices des orbites terrestres. Chacun d'entre nous, sur Terre, est un utilisateur des technologies spatiales : nous pensons donc qu'il est grand temps de mobiliser les ressources politiques pour aborder ce défi urgent, aussi bien au niveau national qu'à l'international, avant qu'il ne soit trop tard.
Nous nous réjouissons d'avance de pouvoir prochainement coopérer avec la coalition « Net Zero Space » afin de développer des actions concrètes visant à rendre l'environnement orbital terrestre plus sûr et à encourager l'utilisation durable de l'espace d'ici 2030.
Les signataires :
A l'initiative d'André Gattolin, sénateur, France
Pierre Cabaré – député, France
Olivier Cadic – sénateur, France
Samuel Cogolati – député, Belgique
Titus Corlățean – sénateur, Roumanie
Damien Cottier – député, Suisse
Yves Détraigne – sénateur, France
Jacques Fernique – sénateur, France
Pavel Fischer – sénateur, République tchèque
Eric Forest – sénateur, Canada
Laura Garavini – sénatrice, Italie
Amina Gerba – sénatrice, Canada
Vlad Gheorghe – député européen, Roumanie
Olga Givernet – députée, France
Fabien Gouttefarde – député, France
Christophe Grudler – député européen, France
Roger Haddad – député, Suède
Davor Ivo Stier – député, Croatie
Hanna Kosonen – députée, Finlande
Sujeet Kumar – député, Inde
Bastien Lachaud – député, France
Jean-Luc Lagleize – député, France
Christine Lavarde – sénatrice, France
Jean-Paul Lecoq – député, France
Carmen Martínez – députée, Espagne
Jean-Luc Mélenchon – député, France
Niklas Nienaß – député européen, Allemagne
Aurel Oprinoiu – sénateur, Roumanie
François Patriat – sénateur, France
Ion-Dragos Popescu – sénateur, Roumanie
Natalia Pouzyreff – députée, France
Nik Prebil – député, Slovénie
Sophie Primas – sénatrice, France
Roberto Rampi – sénateur, Italie
Jean-François Rapin – sénateur, France
Dovilė Šakalienė – députée, Lituanie
Patricia Schillinger – sénatrice, France
Nicolae Ştefănuță – député européen, Romania
Massimo Ungaro – député, Italie
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.