Voiture électrique, hot dogs et conquête spatiale : voyage au cœur de la galaxie d'Elon Musk
Que ce soit dans le secteur automobile ou spatial, rien n'arrête ce milliardaire de 43 ans qui projette déjà de coloniser Mars.
Elon Musk. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais il obsède les professionnels de l'automobile et de l'aérospatial. Le PDG de la firme de voitures électriques Tesla a créé, une nouvelle fois, la surprise, jeudi 9 octobre, en dévoilant sa nouvelle berline : la Tesla D.
Sur le tarmac de l'aéroport californien de Hawthorne aux Etats-Unis, la présentation est hollywoodienne. Véritable showman, l'entrepreneur est perché sur une scène, illuminée par les projecteurs. Décontracté, en jean et chemise ouverte, Elon Musk retourne la voiture dans tous les sens grâce à un bras robotisé géant, devant un parterre de journalistes époustouflés.
Une révolution automobile électrique
Le milliardaire sait susciter l'attente. Pour créer l'évènement, il annonce la sortie de la voiture, le 1er octobre, via un tweet énigmatique. Le message affole immédiatement l'industrie automobile : "Il va être temps de dévoiler le D et quelque chose d'autre." Ces quelques mots sont accompagnés d'une photo d'une porte de garage entrouverte, derrière laquelle on aperçoit les phares de la Tesla D. Le tweet provoque un emballement financier : en une semaine, le titre Tesla s'est envolé de 8,3%, soit 2,5 milliards de dollars de capitalisation supplémentaire, explique le Figaro. Jusque-là, rien n'avait fuité.
About time to unveil the D and something else pic.twitter.com/qp23yi59i6
— Elon Musk (@elonmusk) 2 Octobre 2014
La voiture électrique est équipée de deux moteurs distincts qui permettent au bolide de passer de 0 à 100 km/h en 3,2 secondes. "Une performance remarquable (...) qui lui permet de faire mieux qu'une Ferrari", commente le magazine économique suisse Bilan.
Mais le "something else" du mystérieux tweet continue d'intriguer les journalistes automobiles. Elon Musk finit par cracher le morceau et dévoile la vraie révolution technologique de sa voiture : une gamme d'assistances technologiques à la conduite. Des capteurs et caméras embarqués pourront détecter les obstacles et les panneaux de signalisation. En option, un logiciel "de pilotage automatique", utilisable seulement sur autoroute.
Des hot dogs à PayPal
Sa richesse lui permet toutes les fantaisies. À 43 ans, la fortune d'Elon Musk est estimée à 8,8 milliards de dollars par Forbes. Ses premiers millions, il les rafle à l'âge de 28 ans, lorsqu'il cède en 1999 à Compaq sa première start-up, Zip2 Corporation, une société d'édition de contenus en ligne pour les médias. Montant de la transaction : 307 millions de dollars.
Rebelote trois ans plus tard, lorsqu'il vend le service de paiement en ligne PayPal. En 1998, c'est, en effet, lui qui a créé un service de banque en ligne appelée X.com et qui a racheté la start-up PayPal, qu'il a développée jusqu'à en faire le leader du marché. Une fois déployée, il cède la société à eBay pour 1,5 milliard de dollars.
La gloire vient avec le succès. Il épouse l'actrice Talulah Riley et s'envole en lune de miel dans le jet que lui prête ses amis Larry Page et Sergueï Brin, fondateurs de Google. Mais malgré sa fortune, le golden boy affirme connaître la valeur de l'argent et aime rappeler sa vie d'étudiant fauché. "J'ai vécu avec moins d'un dollar par jour, explique-t-il au site américain The Imperic. On peut cuisiner une sauce pour les spaghettis avec juste un peu de poivre ou acheter un paquet de saucisses et une miche de pain pour se faire des hot dogs qui reviennent à 25 ou 30 cents."
L'arrogance et le génie de Tony Stark
Est-ce ce côté économe qui lui a permis de dominer chacun des secteurs dans lesquels il s'est aventuré ? Après avoir fait fortune dans l'informatique, il décide de revenir à son premier amour : les atomes. Il lance alors Tesla Motors et SpaceX, une société spécialisée dans le transport spatial. Fils d'un ingénieur sud-africain et d'un top-model canadien, Elon Musk est passionné par la physique depuis son plus jeune âge. "Il a lu l'ensemble de l'Encyclopaedia Britannica à l'âge de 8 ou 9 ans", affirme sa mère, citée par Forbes.
Pendant sa scolarité à Pretoria (Afrique du Sud), le petit génie n'a pas la cote auprès de ses camarades, dont il corrige sans cesse les fautes de langage. Cette arrogance, c'est précisément la marque de fabrique d'Elon Musk. En mars 2006, lors d'une conférence à Washington, il scandalise tous les pontes de l'industrie spatiale selon Le Monde : "Salut à tous. Je m'appelle Elon Musk. Je suis le fondateur de SpaceX. Dans cinq ans, vous êtes morts", lâche-t-il devant une assemblée médusée.
Dans les pages de Time, le réalisateur d'Iron Man, Jon Favreau, explique que l'acteur Robert Downey Jr s'est largement inspiré d'Elon Musk pour interpréter le prétentieux Tony Stark. La comparaison est pertinente : comme le héros de Marvel, Elon Musk vit dans un manoir de 1 800 m2 sur une colline californienne qui surplombe le Pacifique. Dans la demeure, l'ingénieur a établi un laboratoire où il mène ses expériences, tient des réunions et joue aux jeux vidéo sur des écrans géants, raconte une journaliste de Forbes. Dans ses bureaux de SpaceX, une statue grandeur nature d'Iron Man côtoie un portrait de Wernher von Braun, l'ex-inventeur nazi et pionnier du programme Apollo de la Nasa.
Un succès fulgurant qui irrite
Elon Musk voit toujours plus grand et se lance à la conquête du secteur spatial. Avec SpaceX, il réalise l'exploit de s'imposer face aux deux géants du lancement de satellites : l'Européen Arianespace et le l'Américano-russe ILS. En 2005, il signe un premier contrat avec l'armée américaine pour 100 millions de dollars, puis avec la Nasa pour 1,6 milliard de dollars. Avec son vaisseau-cargo Dragon, il réalise désormais des ravitaillements de la Station spatiale internationale.
Il rebat complètement les cartes dans la filière, en proposant des prix largement inférieurs à ceux du lanceur européen. Pour le lancement de satellites privés, SpaceX facture environ 50 millions de dollars, contre au minimum 80 pour Ariane. Très vite, le lanceur affiche un carnet de commandes record.
Le succès fulgurant de l'entrepreneur de la Silicon Valley irrite. Tout comme ses formules assassines. Après un premier tir réussi en 2010, il lâche lors d'une convention : "Ce 4 juin est connu deux fois dans le spatial, comme celui d'un échec pour Ariane 5 en 1996 [explosion de la fusée en plein vol] et comme celui d'un succès pour nous, aujourd'hui", raconte Le Monde.
"On emmerde la Terre ! Qui s'intéresse à la Terre ?"
Plus rien ne semble arrêter Elon Musk. Visionnaire, il se lance dans des projets technologiques de grande envergure. Il espère, par exemple, relier Los Angeles à San Francisco, soit près de 600 km, en une demi-heure grâce à Hyperloop, un tube qui propulse le passager mis en capsule dans un tunnel à une vitesse supérieure à 1 000 km/h. SpaceX a déjà créé des fusées réutilisables, qui peuvent décoller puis atterrir sans encombre, explique Sciences et Avenir. La preuve dans cette vidéo, filmée par drone.
Dernier fantasme du milliardaire : coloniser Mars. Dans une interview donnée à la chaîne américaine CNBC, Elon Musk explique qu'il espère envoyer les premiers hommes sur la planète rouge d'ici à une dizaine d'années. Mais mettre le pied sur Mars ne suffira pas. Il s'agira aussi d'imaginer des "cités extra-terrestres", capables d'accueillir des nouveaux colons sur le long terme, explique-t-il. Elon Musk a plus que jamais la tête dans les étoiles. Dans un entretien au magazine Aeon, il ironise. "On emmerde la Terre ! Qui s'intéresse à la Terre ?"
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