Réédition de "Mein Kampf" chez Fayard : un historien répond à Mélenchon
Christian Ingrao défend la prochaine publication du pamphlet dans une version agrémentée d'éclairages de chercheurs démontant les arguments d'Hitler.
"Les historiens et les éditeurs sont là pour écrire des livres et parler du passé ; les hommes politiques pour parler d’avenir." Dans une tribune parue dimanche 25 octobre dans Libération, l'historien du nazisme Christian Ingrao répond à Jean-Luc Mélenchon, qui s'insurgeait jeudi de la prochaine réédition du pamphlet Mein Kampf, d'Adolf Hitler, par Fayard.
"Editer, c'est diffuser", proteste Mélenchon
La maison d'édition publiera l'ouvrage en 2016, accompagné d'analyses et de commentaires de chercheurs démontant les arguments de ce livre raciste prônant la violence. Mein Kampf, qui tombera dans le domaine public le 1er janvier, n'est pas interdit en France, mais ne peut être exposé dans la vitrine d'une librairie ou d'un commerce.
Dans une lettre ouverte à l'éditrice de Fayard publiée sur son blog, Jean-Luc Mélenchon avait exprimé son "opposition totale" à la publication de ce livre, qui "est le texte principal du plus grand criminel de l'ère moderne". "Editer, c'est diffuser, s'insurge-t-il. La simple évocation de votre projet a déjà assuré une publicité inégalée à ce livre criminel. Rééditer ce livre, c'est le rendre accessible à n'importe qui. Qui a besoin de le lire ?"
Pour l'historien, il faut désacraliser "Mein Kampf"
Dans Libération, Christian Ingrao estime au contraire "nécessaire de republier ce livre", augmenté des éclairages d'historiens, afin de le désacraliser. "Il faut s’adresser à des lecteurs comme vous, Monsieur, pour les conduire à cesser de rejeter Hitler et Mein Kampf dans le pathologique et la démonologie, pour les conduire à penser en termes historiens et politiques, simplement", lâche-t-il.
A la formule "éditer, c'est diffuser" utilisée par Jean-Luc Mélenchon, Christian Ingrao répond que "la recherche 'Mein Kampf PDF' est la deuxième plus populaire quand on tape les premiers mots du titre dans Google" et qu'il suffit de "deux clics de souris pour y accéder". "L'édition que projette Fayard, en rendant la lecture du texte plus technique, ne me semble pas risquer de le rendre plus attractif", souligne l'historien.
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