Témoignage : ce harki qui a fait condamner l'État
L'année 2018 aura été le symbole d'une victoire pour la communauté harki. À l'automne, l'État français a été condamné à réparer les préjudices subis par un fils de harki, Kader Tamazount.
Kader Tamazount est un homme blessé. Son passé ne passe pas. Sur cette esplanade se dressait le camp du Bias, dans le Lot-et-Garonne, où ce fils de harki a vécu pendant 22 ans. Sans liberté, sans instituteurs compétents et une audition amoindrie faute de soins. "Mon enfance c'est les barbelés, c'est les grillages et ces enfants, je m'en rappelle. À chaque fois qu'on butait sur ces grillages, et bien on savait que l'on était enfermés. C'est ce que je garde de mon enfance. Quand on a grandi dans cet enfer-là, comment se construire ailleurs ?", se demande Kader Tamazount.
L'État français condamné
Avec 1 500 autres harkis, Kader a vécu dans l'un de ces baraquements dans des conditions indignes. Couvre-feu à 22 heures, douche commune payante, courrier ouvert, permissions de sortie accordées au compte-goutte. Aujourd'hui, Kader Tamazount rend visite à sa mère. Elle vit dans un lotissement à quelques pas de l'ancien camp. Elle non plus, elle n'a pas oublié ces années difficiles. Le 3 octobre dernier, le Conseil d'État a condamné l'État français en raison de ses conditions de vie, depuis sa naissance jusqu'à la fermeture administrative du camp du Bias, en 1975. Une victoire pour cet homme et pour son père, Djelloul Tamazount, qui avait combattu pour que l'Algérie reste française.
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