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L'amour, ça dure combien de temps ?

Trois ans, affirme le narrateur du roman de Frédéric Beigbeder, dont l'adaptation est sortie au cinéma mercredi. Qu'en pensent les scientifiques ?

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (BETSIE VAN DER MEER / GETTY IMAGES)

L'amour dure trois ans. Telle est la thèse-titre du roman de Frédéric Beigbeder, dont l'adaptation est sortie au cinéma mercredi 18 janvier. L'assertion de l'écrivain n'est pas pure fantaisie. Elle trouve écho, par exemple, dans des statistiques de l'Insee et du ministère de la Justice : en France, en 2006, les taux de divorce les plus élevés concernaient les mariages contractés trois ou quatre ans auparavant.

Nombre de scientifiques ont cherché à expliquer ce phénomène global. Et sont souvent arrivés à des conclusions différentes… 

• Un an ?

En 2005, l'université de Pavie (Italie) a découvert que les sujets en couple depuis peu présentaient des niveaux d'une protéine bien plus élevés que les célibataires ou les amoureux ensemble depuis un à deux ans.

Selon les chercheurs, la protéine Nerve Growth Factor (NGF), qui cause notamment mains moites et palpitations, joue donc un rôle significatif dans "la sensation d'euphorie et de dépendance que l'on ressent au début d'une relation"

Les taux importants de NGF chez les couples récents "semblent suggérer que la protéine pourrait être impliquée dans la formation de nouvelles relations, mais ne semble pas jouer un rôle majeur dans leur maintien", conclut le docteur Enzo Emanuele, rapporte le Daily Mail (en anglais).

• Deux ans ?

Dans la même veine, des scientifiques italiens ont découvert en 2006 que les hormones responsables du désir sexuel se font la belle au bout de… deux ans. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'elles laissent leur place à l'ocytocine, qui induit une sensation d'apaisement et de bien-être. Pour le biochimiste Michael Gross, cette molécule dite du "câlin", car sa production se déclenche avec les caresses, peut agir comme "une colle chimique qui fait tenir les couples", rapporte BBC News (en anglais).

"L'ocytocine correspond donc à l'hormone du lien : elle favorise les circuits qui créent dans le cerveau l'attachement à un autre individu. A un moment donné, les récepteurs de cette hormone se fatiguent, il n'y en a plus. Cela peut prendre un mois, un an ou plus", souligne le neurobiologiste Jean-Didier Vincent sur Atlantico.

• Trois ans ?

Dans son livre Comment devient-on amoureux ?, la docteure en neurosciences Lucy Vincent raconte la mécanique biologique du comportement amoureux. Selon elle, il "est né, chez l'homme, de la nécessité d'assurer la reproduction de l'espèce (…) et protéger les bébés". Ce seraient donc l'évolution et l'alchimie cérébrale qui expliqueraient que les couples se séparent habituellement trois ans après… avoir fait un enfant.

Elle raconte ainsi à Psychologies.com : "Progressivement, l'activité du cerveau reprend son cours normal, débarrassée de l'excitation de la période amoureuse. Cette désensibilisation intervient quand l'enfant est capable de se débrouiller tout seul, vers 3 ans. (…) Dès lors, un seul parent peut suffire. Pourquoi forcer deux parents à rester ensemble s'ils ne sont plus nécessaires à l'évolution ?"

• Quatre ans ?

Pour Georgia Montemayor Flores, de la faculté de médecine de l'Unam (Mexique) (en espagnol), "l'amour est un état physico-chimique de folie passagère en termes neurologiques", qui "dure habituellement un maximum de quatre ans". La scientifique compare notamment l'état amoureux aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC) puisque les substances libérées alors de manière continue dans notre cerveau "empêchent de penser à autre chose que l'être aimé".

Plus étonnant, elle affirme que ces phases on/off sont indispensables, car notre cerveau ne pourrait supporter un état permanent de folle passion. Celle-ci provoque, avec son cortège chimique, "une dépendance similaire à la drogue".

• Toujours ?

Les expériences menées en 2011 par les psychologues Bianca Acevedo et Arthur Aron ravissent, elles, les optimistes : elles balaient les conclusions des scientifiques qui observent que l'amour s'étiole au bout d'un, deux, trois voire quatre ans.

Ils ont voulu savoir comment réagissait les cerveaux de sujets en couple et amoureux depuis un an pour certains, et 21 ans pour d'autres, lorsqu'on leur présente une photo de l'être aimé. L'expérience (en anglais) a montré une activité similaire chez tous les cobayes, dans la même région du cerveau associée à la "gratification, la motivation et le 'désir'".

Les psychologues ont même découvert qu'une partie du cerveau particulièrement riche en dopamine, la molécule du plaisir (déclenchée aussi par l'absorption de cocaïne ou de nicotine), était plus réactive chez les couples ensemble depuis longtemps et particulièrement proches.

Pour Bianca Acevedo, "être persuadé qu['une histoire d'amour qui dure] n'est pas un objectif réalisable peut en décourager certains. Je crois qu'il est important que les gens sachent que c'est possible", rapporte MSNBC (en anglais).

Les hormones et autres molécules produites par notre cerveau sont donc au cœur des réponses fournies par ces expériences scientifiques. Existe-t-il alors un moyen de se "doper" pour faire durer son couple ? "L'acte physique déclenche l'ocytocine [la molécule dite du câlin] dans le cerveau. (...) Le sexe fait durer l'amour. Il faut donc baiser, baiser, baiser. C'est ça le secret d'un amour qui dure", conclut Jean-Didier Vincent.

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