L'Ocean Xplorer, un navire d'exploration sous-marine super-équipé et filmé par James Cameron pour que la science soit "cool"
Quand certains milliardaires américains partent à la conquête de l’espace, d’autres veulent explorer les fonds marins et faire avancer la science. C’est en tout cas l’objectif de ce navire scientifique hors norme qui était en escale à Brest jusqu'à vendredi 18 août. Son nom : Ocean Xplorer, un bijou de technologie financé par un homme d’affaires américain qui accueillera peut-être bientôt des chercheurs français.
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Ce navire, ancien bateau de ravitaillement de plateforme pétrolière, n'est pas seulement un grand laboratoire flottant, pouvant accueillir jusqu'à 70 personnes, c'est aussi un studio de cinéma avec des lumières tamisées, colorées. "Un chef décorateur d'Hollywood nous a aidés à concevoir l'ensemble du bateau", explique Vincent Pieribone, le directeur scientifique d'Ocean Xplorer. Il a même permis à James Cameron de tourner une série documentaire. Exemple dans la salle des commandes, autour de la table où l'équipage prépare ses missions.
"Les 60 membres d'équipage peuvent s'installer ici et les cameramen peuvent filmer discrètement, les scientifiques ne s'en rendent même pas compte", assure Vincent Pieribone.
Des sous-marins, des drones et un hélicopètre
C'est en effet l'un des objectifs d'Ocean Xplorer : rendre la science sexy. "Parce que la science, c'est cool et ça doit être montré comme cool. Un peu comme l'a fait un certain océanographe et documentariste français, Jacques-Yves Cousteau." L'équipement du navire est hors norme : deux submersibles capables d'emmener les scientifiques à un kilomètre de profondeur. Deux drones sous-marins qui peuvent aller encore plus loin, à plus de 6 000 mètres. Et même un hélicoptère.
"Il est vraiment précieux pour l'étude des grands animaux les baleines, les requins. En mer Rouge, il nous a permis de repérer dix nouvelles espèces de baleines qui n'avaient pas été vues dans la région", raconte Vincent Pieribone.
Une "course contre la montre" pour sauver les fonds marins
Tous ces moyens ont évidemment un coût, pris en charge par Ray Dalio, fondateur du plus grand fonds d'investissement au monde. Contrairement à Elon Musk ou Jeff Bezos, lui, ne se lance pas à la conquête de l'espace. "Aux États-Unis, le budget pour l'exploration des océans est d'à peine 65 millions de dollars. Celui pour l'espace pèse des milliards. L'océan, lui, nous apporte de l'oxygène, de la nourriture."
Une bonne raison de les protéger, ces océans, selon l'ancienne secrétaire d'État à l'Écologie, Brune Poirson, aujourd'hui présidente du fonds de dotation du Muséum d'histoire naturelle et ambassadrice du projet Ocean : "Parce qu'il y a une course contre la montre qui se joue en réalité entre ceux qui veulent exploiter les fonds marins le plus rapidement possible et ceux qui veulent aller connaître les fonds marins. Parce que quand on les connaît, on les protège."
"Il ne faudrait pas perdre la bataille face à ceux qui veulent exploiter le fond des océans."
Brune Poirsonà franceinfo
Après son escale à Brest, le navire met le cap sur les Açores avant d'explorer, peut-être bientôt, les eaux de Nouvelle-Calédonie avec des chercheurs français.
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