La sonde Voyager 1 quitte le système solaire et poursuit sa course dans l'inconnu
Selon des mesures publiées dans "Science" et confirmées par la Nasa, la sonde a atteint l'espace intersidéral il y a déjà plus d'un an, en août 2012. Une nouvelle historique.
C'est désormais officiel. La sonde américaine Voyager 1, lancée en 1977, a bien quitté le système solaire, devenant ainsi le premier objet envoyé par l'homme à atteindre l'espace intersidéral. Selon des mesures publiées dans la revue américaine Science (article en anglais) et confirmées par la Nasa jeudi 12 septembre, la sonde a quitté le système solaire il y a déjà plus d'un an, en août 2012.
Est-on sûr que Voyager a quitté le système solaire ?
Ce n'est pas la première fois que la sortie de Voyager 1 du système solaire est évoquée par des chercheurs. Deux études publiées plus tôt cette année, dont la dernière en août basée sur d'autres données, avaient déjà abouti à cette conclusion. Mais la Nasa avait jugé ces recherches non concluantes.
Cette fois, la Nasa a confirmé les recherches. De nouvelles analyses des densités de plasma autour du vaisseau se sont révélées conformes aux densités se trouvant dans la région interstellaire prédites dans les modèles.
L'élément crucial qui permet d'affirmer que Voyager 1 a franchi la frontière de notre système solaire s'est présenté par hasard, quand des éruptions solaires ont catapulté des particules en direction de Voyager en 2011 et 2012. Il a fallu un an pour que ces particules atteignent la sonde et fournissent des indications permettant d'établir la densité du plasma là où se trouve Voyager aujourd'hui. Le plasma, qui consiste en des particules chargées, est sensiblement plus présent dans l'espace interstellaire que dans le système solaire, où prédomine le vent solaire.
Selon les astrophysiciens, c'est vers le 25 août 2012 que Voyager, qui se trouve à plus de 18 milliards de kilomètres du Soleil, est sorti de l'héliopause, la zone frontalière du système solaire, pour entrer dans le froid et l'obscurité de l'espace interstellaire. "Nous avons sursauté sur nos chaises quand nous avons constaté ces oscillations dans nos données car elles montraient que le vaisseau se trouvait dans une région totalement nouvelle, conforme à ce que l'on peut attendre dans l'espace intersidéral et entièrement différente de l'héliosphère, la bulle formée par les rayons solaires", explique Don Gurnett, de l'université d'Iowa, principal auteur de l'étude.
Pourquoi est-ce une nouvelle historique ?
"Maintenant que nous avons ces nouvelles données clés, nous pensons que l'humanité a franchi un pas historique en entrant dans l'espace interstellaire", s'est félicité Ed Stone, responsable scientifique de la mission Voyager à l'Institut de Technologie de Californie.
L'astrophysicien Marc Swisdak, de l'université du Maryland (Etats-Unis), souligne que "c'est la première fois que l'humanité peut sortir du berceau du système solaire pour explorer le reste de la galaxie. Voyager permet ainsi d'effectuer des observations directes hors du système solaire", explique-t-il. Pour John Grunsfeld, le patron des missions scientifiques de la Nasa, "Voyager s'est aventuré là où aucune autre sonde n'est allée avant, marquant l'un des accomplissements technologiques le plus significatif dans les annales de l'histoire de la science".
Quel avenir pour les sondes Voyager ?
La durée de vie des deux sondes Voyager, lancées en 1977 à un mois d'intervalle et qui avancent à 55 000 km/h, ne devait pas dépasser cinq ans, mais elles sont toujours aujourd'hui en bon état de fonctionnement. Leurs caméras ont été éteintes pour économiser leur batterie au plutonium qui devrait s'épuiser vers 2020.
Leurs instruments s'appuient sur des technologies aujourd'hui rudimentaires. Un iPhone bas de gamme a 240 000 fois plus de mémoire que les ordinateurs des Voyager et la puissance du transmetteur (23 Watts) est équivalente à celle d'une lampe de réfrigérateur.
Le programme d'exploration Voyager avait pour objectif l'étude des planètes du système solaire. Voyager 1 et 2 ont survolé Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune ainsi que 48 de leurs lunes. Les données recueillies par les neuf instruments à bord de chacune des sondes en font la mission d'exploration du système solaire la plus fructueuse de toute l'histoire spatiale.
Les deux vaisseaux transportent chacun un disque en or plaqué de cuivre de 30 cm contenant 115 photographies et une variété de sons naturels ainsi que des messages dans 55 langues. Des messages du président américain d'alors, Jimmy Carter, et du secrétaire général de l'ONU de l'époque, Kurt Waldheim, voyagent également avec les sondes depuis plus de trente-cinq ans.
Voyager 2, elle, devrait sortir du système solaire d'ici trois ans. D'ici 40 000 ans, même si elles ne seront plus capables de fournir des informations, les deux sondes se trouveront dans le voisinage d'autres étoiles et à environ deux années-lumière du Soleil (soit 18 922 milliards de km). "Rien ne peut arrêter la course de Voyager 1 dans l'espace qui continuera son périple pendant très très longtemps, probablement des milliards d'années", prédit l'astrophysicien Marc Swisdak.
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