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Mission Mars 2020 : "Si on pouvait découvrir des traces de vie, on changerait notre façon de regarder l'univers", assure un astrophysicien

La Nasa lance vers Mars son robot mobile Perseverance, conçu pour découvrir les traces des anciens microbes, qui vivaient peut-être sur la planète il y a trois milliards d'années.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration fournie par la Nasa du rover Perseverance, utilisé dans cette mission de juillet 2020. (AFP PHOTO /NASA/JPL-CALTECH/HANDOUT)

La Nasa lance jeudi 30 juillet son rover Perseverance en direction de la planète Mars. "On va enfin chercher des Martiens ou si les Martiens ont existé il y a plus trois milliards d'années", explique sur franceinfo Sylvestre Maurice, astrophysicien à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap), à Toulouse.

franceinfo : Quel est l'objectif de cette mission ?

Sylvestre Maurice : C'est de poursuivre ce qu'avait fait Curiosity, qui avait montré que la planète a été habitable il y a trois milliards et demi d'années. Là, on va plus loin : puisqu'elle habitable, est-ce qu'il y a des traces de vie, est-ce que la vie s'est développée ? On va enfin chercher des Martiens ou si les Martiens ont existé il y a plus trois milliards d'années. La vie, c'est quand même le sujet le plus intéressant, fondamental, de l'exploration de l'univers. Pour l'instant, on n'a qu'un seul cas, c'est la Terre. Si on pouvait découvrir des traces de vie, c'est-à-dire une vie il y a 3 milliards d'années sur Mars, on changerait notre façon de regarder l'univers, on se dirait probablement que la vie est partout dans l'univers. Mars, c'est vraiment fondamental pour Mars, mais aussi, finalement, pour la Terre.

Comment fait-on pour savoir s'il y a eu de la vie sur Mars ?

C'est un sujet super difficile, parce qu'à l'exemple de ce qui s'est passé sur Terre il y a trois milliards et demi d'années, c'étaient des bactéries – on parle même de matelas de bactéries – qui ont laissé bien peu traces. Ce qu'on va chercher est ténu. On va le chercher in situ avec ce rover Perseverance, qui va explorer avec tous ses instruments. Et on se donne une deuxième chance, puisqu'on va préparer des échantillons qu'on va encapsuler, déposer au bord du chemin. Deux missions successives iront chercher les échantillons qui reviendront en 2031. On aura enfin un petit kilo de roche, comme on l'a fait pour la Lune. Dans nos laboratoires, on a des instruments qui sont dix, cent, mille fois plus performants que ceux qu'on peut avoir in situ. Et donc là, on aura vraiment la réponse.

Quand est prévue l'arrivée ?

Le 18 février 2021. C'est un long voyage, parce qu'on n'y va pas vraiment en ligne droite. Le temps de ce voyage, Mars se déplace sur son orbite. On va faire presque 500 millions de kilomètres à plus de 11 kilomètres par seconde, ça va très vite. Il faut pousser très fort. C'est pour ça qu'on a une grosse fusée aujourd'hui. Et quand on arrivera sur Mars le 18 février, là, il faudra freiner aussi fort, ça sera aussi compliqué.

Est-ce qu'il y a un risque que le rover ne fonctionne pas ?

On fait des choses risquées. C'est super dur d'explorer l'univers et on est vraiment à la pointe de toutes les technologies. La fusée, c'est un risque, la trajectoire interplanétaire aussi. Se poser en sera encore un plus grand. Et le rover, et notre instrument franco-américain qui est à la tête du rover, tout est risqué, mais on s'y prépare. On fait des études, on essaie de trouver tous les cas possibles et imaginables de panne. Mais ce n'est pas un travail simple, c'est peut-être ça qui le rend passionnant.

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