Vols commerciaux en avion électrique : "Tout à fait possible", affirme Bertrand Piccard
Pour l'aéronaute Bertrand Piccard, le père de Solar impulse, il est "tout à faire possible" de réaliser des vols commerciaux en avion électrique comme l'a promis EasyJet mercredi.
Alors que la compagnie aérienne à bas coûts EasyJet a annoncé, mercredi 27 septembre, envisager de desservir des lignes en avion électrique, l'aéronaute Bertrand Piccard, qui a lui-même fait un tour du monde en avion à panneaux solaires estime, sur franceinfo, que cet projet "est tout à fait possible" et que "les choses vont beaucoup plus vite qu'on ne l'imagine".
What our electric fleet could look like in the future...✈️ #easyJetInnovates #avgeek pic.twitter.com/XtS0mbKLcZ
— easyJet (@easyJet) 27 septembre 2017
franceinfo : Que vous inspire cette annonce d'EasyJet et y croyez-vous ?
Bertrand Piccard : J'y crois tout à fait ! Les choses vont très vite, beaucoup plus vite qu'on l'imagine. Vous savez, quand j'ai lancé le projet Solar impulse il y a 15 ans, les ingénieurs aéronautiques riaient, en disant qu'on ne pourrait jamais faire un avion aussi grand, aussi léger, aussi efficient. Et, au moment où on a réussi, tous les avionneurs, tous les constructeurs aéronautiques ont lancé des programmes d'avions électriques. Donc ils ont eu besoin de la preuve que le changement de paradigme était possible. C'est clair que les avions ne seront pas solaires. EasyJet n'a pas annoncé un avion solaire, mais un avion électrique : [la compagnie] ne va pas fabriquer son électricité en vol avec des panneaux solaires : il va être chargé au sol sur des batteries. Avec l'efficience énergétique fantastique des moteurs électriques, comparé au très bas rendement des moteurs à combustion, ça va être possible.
Mais il faut une sacré capacité de stockage de l'énergie, c'est réalisable ?
Oui, ils n'ont pas annoncé qu'ils vont traverser les océans avec des A 380 électriques, ils ont dit qu'ils allaient faire des vols d'une heure, une heure et demie, avec des avions électriques chargés au sol. C'est tout à fait possible. Il faut bien réaliser qu'au début, on a beaucoup de peine à changer de paradigme. Quand les frères Wright ont volé avec leur premier avion, c'était monoplace et les lancements seulement par beau temps. À l'époque, les gens disaient : "Ça n'a aucun avenir". Et on voit ce que l'aviation est devenue. Aujourd'hui, c'est un nouveau cycle qui commence avec l'aviation électrique. Il faut aussi se rappeler que le premier ordinateur était tellement grand, c'était grand comme une maison, on pensait qu'il y en aurait cinq pour toute l'humanité. Aujourd'hui, on en a tous un dans la poche avec notre téléphone.
Le tout-électrique représente pour vous l'avenir de l'aviation ou y a-t-il d'autres alternatives à explorer ?
Le moteur électrique lui-même, avec 97% de rendement, c'est fantastique par rapport à un moteur à combustion où 70% de l'énergie est perdue. Mais, maintenant, la manière de stocker peut être très différente : ça peut être une batterie mais aussi de l'hydrogène qui se recombine à l'oxygène pour donner de l'eau et de l'électricité et propulserait les moteurs électriques des avions. Donc, le but est d'être plus efficient, silencieux, propre. L'avantage, c'est qu'on pourra atterrir tout près des villes, de nuit, faire des biens meilleures dessertes et fournir un meilleur service aux passagers sans aucune nuisance pour les voisins.
Est-ce que ça ne pose pas quand même des questions de sécurité ?
L'aviation est à un tel niveau de sécurité aujourd'hui que c'est clair que ces avions électriques transporteront des passagers quand tout sera suffisamment testé mais on voit qu'il y a beaucoup moins de risques d'avoir des problèmes sur un moteur électrique que sur une turbine ou un moteur à pistons. La fiabilité d'un moteur électrique est extraordinaire.
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