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Amélie Mauresmo : icône, malgré elle, de l'homoparentalité

Après la fin de Wimbledon, c'est une autre histoire qui va commencer pour l'entraîneuse et ancienne championne de tennis Amélie Mauresmo, puisqu'elle va partir en congé maternité. La grossesse de cette sportive populaire, homosexuelle assumée, représente une formidable exposition médiatique pour les militants de l'homoparentalité.
Article rédigé par Cécilia Arbona
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le premier faire-part de grossesse avait été annoncé par Amélie Mauresmo elle-même sur Twitter le 9 avril dernier. (BPI/REX Shutterstock/SIPA)

Le premier faire part de grossesse a été annoncé par Amélie Mauresmo elle-même sur Twitter, le 9 avril dernier, en postant une photo avec deux paires de chaussures bleues. La premiere pointure étant pour adulte, la second modèle étant pour nourrisson. Une photo avec ce message sobre : "bébé arrivera en août "

Comme en 1999 lorsqu'elle avait révelé son homosexualité, la championne de tennis se retrouve presque malgré elle, ambassadrice d'une cause et impliquée dans un débat de société. "Notre société à besoin d'images, d'icônes. Amélie Mauresmo, c'est une de ces icônes. Le fait qu'elle affiche pleinement sa maternité, ça fait avancer évidemment notre représentation de l'homoparentalité. C'est forcément quelque chose qui est extrêmement positif ", déclare Doan Lou, porte-parole de l'association des parents et futurs parents gays et lesbiens.

En effet, la maternité de la célèbre sportive met sur le devant de la scène la question de la PMA, la procréation médicalement assistée, qui en France, n'est pas ouverte aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Pour Doan Lou, la grossesse d'Amélie Mauresmo "permet de faire avancer la réflexion du grand public, mais aussi celle des décideurs politiques ". 

PMA à l'étranger : "On n'est pas dans un contexte rassurant et serein"

Pour devenir mère en France, les couples de femmes et les femmes célibataires sont obligées de quitter le pays. C'est le cas de Julie, 39 ans, habitante de la région parisienne, qui est allée jusqu'en Belgique pour donner la vie. "On n'est pas dans un contexte (...) rassurant et serein ", confie la jeune femme qui souligne la necessité d'une grande "organisation, par rapport au travail ", le "coup financier de devoir aller à l'étranger " mais aussi "des difficultés d'ordre médical " dues à un suivi médical dédoublé. Enfin, "il faut déjà qu'il accepte cette idée " car "tous les médecins ne l'acceptent pas ",déclare Julie.

Julie devrait accoucher le 5 septembre et sa famille comme ses amis, se tiennent prêt pour l'heureux événement. Pourtant, au-delà de la bulle intime, Julie confie que tout n'est pas rose layette  Par exemple, dans son entreprise, elle n'a jamais osé parler de sa vie personnelle et s'est mise à mentir par ommission. "C'est un peu de la lâcheté de ma part mais j'ai été embauchée au moment du débat du Mariage pour Tous... J'ai entendu des choses très violentes et très dures, des propos homophobes (...), j'avoue que je n'ai pas eu le courage de dire à ma hiérarchie et mes collègues que j'étais homosexuelle ."  L'arrivée prochaine du bébé, pourrait bien redonner assez de force à Julie pour ouvertement annoncer son homosexualité. "J'ose espérer qu'avec l'arrivée de cet enfant, j'aurai un peu plus de courage. Parce que je pense qu'il faut quand même, à un moment ou un autre s'assumer, et oser -pour l'enfant- être honnête à l'égard de tous ", déclare Julie.

Pour accueillir un enfant sereinement avec une autre femme, il faut d'abord être en paix avec soi-même, affirme une jeune Marseillaise qui a répondu via  l'interface Skype aux questions de notre journaliste Cécilia Arbona. "Il a fallu d'abord faire tout ce chemin là, d'acceptation de soi, en tant que... il faut le dire, homosexuelle. Même si ce terme là, n'était pas familier pour moi, parce que j'étais en couple avec un homme auparavant. C'était d'abord ça le plus dur je pense : s'afficher en société, en tant que "femme avec une femme ".

"On a le droit de marier, de faire des enfants mais il faut adopter son propre enfant"

Aujourd'hui, la jeune femme a franchi cette difficile étape. Elle et sa compagne sont d'ailleurs depuis un an, les mamans d'une petite fille conçue dans une clinique espagnole. Si elles ont choisi l'Espagne pour la PMA , ce n'est pas un hasard. "Les cliniques juste derrière la frontière font tout un commerce, du fait que la France refuse la PMA aux couples de femmes. Du coup, on a beaucoup d'information en français, les gens très disponibles ".

Pour avoir leur fille, elles ont fait appel à "une troisième personne " par le biais d'un "don du sperme ", "parce que c'est biologiquement indispensable ", raconte la jeune femme, qui a porté l'enfant. "Mon épouse est autant parent que moi, ça ne fait aucune différence pour aucune de nous trois, ça s'est d'ailleurs fait dans un naturel qui est assez déconcertant ", confie t-elle. Pourtant, d'un point de vue légal, son épouse ne possède pas la même reconnaissance juridique. "On a engagé très rapidement une procédure pour que mon épouse puisse l'adopter (...) on attend le jugement. C'est d'ailleurs une grosse incohérence : on a le droit de se marier, on a le droit de faire des enfants mais il faut adopter son propre enfant. C'est assez terrible quand même ", souligne-t-elle.  Selon un sondage IFOP pour l'Association des familles homoparentales publié le 5 octobre dernier, six Français sur dix (61 %) considèrent qu'un couple d'homosexuels ou de lesbiennes vivant avec ses enfants, constitue une "famille à part entière ".

Amélie Mauresmo, icône, malgré elle, de l'homoparentalité. Un reportage de Cécilia Arbona.

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