"Je ne sais même pas l'écrire, c'est pas le truc contre les juifs" ? : la difficile lutte contre l'antisémitisme en classe
Les enseignants sont souvent confrontés aux préjugés antisémites de leurs élèves, relayés chez eux, dans la cour de récréation ou sur les réseaux sociaux.
Des rassemblements contre l'antisémitisme sont prévus un peu partout en France mardi 19 février. Jean-Michel Blanquer sera dans le cortège parisien : le ministre de l'Education nationale compte aussi sur les enseignants pour lutter contre ce fléau. En classe, la lutte contre l'antisémitisme n'est pas chose aisée. "Je ne sais pas trop ce que c'est, en fait. Je ne sais même pas l'écrire. C'est pas le truc contre les juifs ?" réagissent, à chaud, ces jeunes du lycée Camille-Pissarro de Pontoise (Val-d'Oise) quand on leur demande de définir le terme "antisémitisme".
Ne pas laisser l'élève dans ses ignorances
Pourtant, la lutte contre l'antisémitisme est un souci constant des enseignants, selon Christine Guimonnet, secrétaire générale de l’association des professeurs d’histoire-géographie et enseignante dans cet établissement de Pontoise : "Ce qui est important, c'est de ne pas laisser l'élève dans ses préjugés ou ses ignorances, il faut les confronter à la discussion. Les juifs et l'argent par exemple. On me dit parfois 'Madame j'ai entendu dire que les juifs avaient de l'argent'. Je leur démontre qu'au XIXe siècle, la grande majorité de la population juive vit dans des quartiers défavorisés, qu'il y a beaucoup de pauvres. Avant la Seconde Guerre mondiale, il y a des familles d'immigrants juifs polonais qui vivent à six ou huit dans un deux pièces cuisine. Cela permet aux élèves de se rendre compte."
Si on a des propos qui disent très nettement que non, le génocide n'a pas existé, on montre des preuves historiques puisqu'il y a pléthore de documents.
Christine Guimonnetà franceinfo
Mais pour quelle efficacité ? Ces élèves assurent n'avoir jamais été témoins d'agression, ou d'insulte antisémite. En revanche, "on entend beaucoup de blagues sur les juifs au collège et au lycée", raconte cette jeune fille. "Quand t'es radin on dit que t'es juif", confie ce garçon. "C'est banalisé, c'est-à-dire qu'on va penser que ce n'est pas forcément méchant, on ne cherche pas à blesser", complète une élève. "Sur les réseaux sociaux, moi j'ai vu beaucoup de blagues contre les juifs."
Il y a des négationnistes français qui conçoivent des vidéos pour expliquer à nos lycéens que nous, professeurs d'histoire-géo, nous leur mentons.
Christine Guimonnetà franceinfo
Justement, ces contenus venus des réseaux sociaux inquiètent Christine Guimonnet : "Ils ont des risques très importants d'atterrir sur une vidéo négationniste sur Youtube." Face à cette déferlante, cette professeur reconnait qu'il est difficile de lutter avec seulement, pour certaines classes, une heure et demie d'histoire par semaine.
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