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Le président du Consistoire de France dénonce "un antisémitisme ordinaire et banalisé" que "la République entière" doit combattre

Elie Korchia, président du Consistoire de France, l’institution représentative du judaïsme, cela "ne concerne pas que les Juifs" mais "la République entière", dans un contexte présidentiel où il estime que les propos négationnistes "n'ont pas à servir le débat public comme cela est fait aujourd'hui".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Elie Korchia, président du Consistoire de France, le 18 octobre 2020. (JOEL SAGET / AFP)

"C'est à toutes ces femmes et tous ces hommes qui sont morts à Auschwitz-Birkenau et dans les autres camps d'extermination sous le régime nazi que nous pensons aujourd'hui", a déclaré jeudi 27 janvier sur franceinfo Elie Korchia, président du Consistoire de France, l’institution représentative du judaïsme, à l'occasion de la journée internationale de la mémoire des victimes de la Shoah et de l'anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, où il se rend ce jour avec le Premier ministre, Jean Castex, et des anciens rescapés. Alors que franceinfo s'est procuré le nombre d'actes antisémites en 2021, soit 589 faits recensés en France par le ministère de l'Intérieur, Elie Korchia a dénoncé "un antisémitisme qui devient ordinaire et banalisé" et a appelé à mener "un travail contre l'antisémitisme"

franceinfo : Que représente cette journée pour vous ?

Elle est fondamentale. C'est une journée qui commémore à la fois la libération du camp d'Auschwitz avec ses prisonniers, ses détenus, ses déportés qui, ce jour-là, ont finalement retrouvé la liberté, et puis, elle commémore aussi celles et ceux qui sont morts dans les camps de la mort. C'est à toutes ces femmes et tous ces hommes qui sont morts à Auschwitz-Birkenau et dans les autres camps d'extermination sous le régime nazi que nous pensons aujourd'hui. C'est une journée très importante sur la mémoire. Et puis, nous le savons, nous sommes dans les dernières années où nous avons l'opportunité et la chance d'avoir parmi nous, à nos côtés, les grands témoins que sont ces rescapés qui ont survécu à la Shoah, qui sont des exemples de vie face à l'expérience de mort qu'ils ont vécue. Donc, il faut profiter de chacun de leurs témoignages, de leurs enseignements, parce que demain le combat sera de mener ce combat pour la mémoire sans la présence physique de ces témoins.

Un sondage publié mercredi dit qu'un parent juif sur deux en France recommande aujourd'hui à son enfant de cacher sa religion. Ça vous a surpris ?

Surpris ? Non, parce que nous connaissons, nous travaillons sur ces chiffres, sur ce ressenti qui existe évidemment au sein de la communauté juive. C'est hélas un antisémitisme qui devient ordinaire et surtout banalisé. Il y a eu cette banalisation du mal, pour reprendre un terme historique bien connu. On s'est habitué et il n'y a rien de pire que de s'habituer à l'antisémitisme du quotidien.

Dans ce même sondage, un Français sur quatre pense que les Juifs ont trop de pouvoir dans l'économie et la finance. Qu'est-ce qui vous choque le plus ? La réponse ou le fait qu'on pose la question ?

Les deux. La question, déjà, parce que c'est terrible qu'on en arrive encore aujourd'hui, en 2022, à poser ce type de question. Ça montre bien l'état de notre société. Et la réponse, effectivement, parce qu'elle est inquiétante. C'est un travail contre l'antisémitisme que nous devons mener parce qu'il ne concerne pas que les Juifs. Il concerne la République entière. Le combat contre l'antisémitisme, qui est consubstantiel d'ailleurs de la mémoire de la Shoa qui est un élément très fort dans ce combat contre l'antisémitisme, concerne la République française.

Est-ce que, plus généralement, c'est le manque de tolérance, la radicalisation d'une partie de l'opinion, y compris contre d'autres religions, qui doit nous mobiliser ?

La haine de l'autre, n'est pas exclusive de la haine du juif. Nous sommes Français juifs dans ce pays constamment en alerte parce que nous subissons un triple problème. Un antisémitisme qui vient traditionnellement de l'extrême droite. On le connaît. Il continue. Il continue à exister très fortement. Un antisémitisme qui s'est développé venant de l'extrême gauche, très souvent associé à un antisionisme virulent, qu'il faut combattre aussi. Et puis, enfin, l'antisémitisme qui est venu ces dernières années du terrorisme et qui est basé sur l'islam radical. Et ça aussi, c'est important que celles et ceux qui nous écoutent sachent qu'il faut combattre cette triple volonté d'attaquer l'autre, en l'occurrence le juif.

franceinfo s'est procuré les derniers chiffres des actes antisémites en France. Il y en a eu près de 600 l'an dernier. C'est en baisse par rapport à 2019. Est-ce que cela remet en cause le sentiment d'une partie de la communauté juive ?

600 actes, ça peut paraître en baisse par rapport à 2019 qui était une année avec un pic des actes antisémites mais ce qui est terrible, c'est qu'on a atteint un certain plateau avec des chiffres qui restent particulièrement inquiétants. Là encore, on ne peut pas s'habituer à ce type de chiffres. Ça reste des agressions physiques, des agressions dans le quotidien d'hommes et de femmes. Et ça, ça reste extrêmement préoccupant.

Quand un candidat aujourd'hui cherche à réhabiliter le régime de Vichy, comme Éric Zemmour qui dit que Pétain a sauvé des juifs français. Comment nommez-vous ce qu'il fait ?

Je n'accepterai aucune déclaration qui puisse remettre en cause la vérité historique qui est celle de notre pays. C'est une façon de falsifier l'histoire. On ne peut pas accepter, voir, écouter un candidat à la présidentielle qui puisse dire que, finalement, Pétain a sauvé des Juifs. Quand on connaît ce qu'il s'est passé, quand on sait que ce combat pour la mémoire de la Shoah est fondamental, c'est particulièrement choquant d'entendre ce type de déclaration. Elles n'ont pas à servir le débat public comme cela est fait aujourd'hui.

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